La parodontite
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La parodontite

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 1389

LA PARODONTITE La parodontite est une inflammation des tissus qui entourent et qui soutiennent les dents, qu’on appelle le « parodonte ». Ces tissus comprennent la gencive, des fibres de soutien, appelé le desmodonte et l’os dans lequel sont ancrées les dents.

La parodontite est une maladie d’origine bactérienne, qui survient le plus souvent lorsque les mécanismes immunitaires sont affaiblis.

La parodontite débute généralement par une inflammation de la gencive (gingivite) qui s’étend progressivement vers le tissu osseux, en formant des « poches » infectées entre la gencive et la dent. 

En l’absence de traitement, la parodontite peut entraîner une destruction de l’os et un déchaussement,  voire une perte des dents.

Remarque 

Il existe plusieurs formes de parodontites et leur classification a longtemps été débattue. Les spécialistes parlent préférentiellement de « maladies parodontales », qui regroupent toutes les atteintes du parodonte. La plus récente classification distingue les gingivites (plus superficielles) des parodontites qui atteignent l’os1

Types de parodontites

Parmi les parodontites, on distingue généralement :

  • la parodontite chronique, qui a un taux de progression lent à modéré.
  • la parodontite agressive, qui peut être localisée ou généralisée.

La parodontite peut également survenir en marge de maladies comme le diabète, le cancer ou l’infection à VIH/sida, par exemple. Les dentistes parlent alors de parodontite associée à une maladie générale.

Une autre façon de classer les parodontites consiste à se fonder sur l’âge de survenue de la maladie. Ainsi, on peut distinguer :

  • les parodontites de l’adulte, qui sont de loin les plus fréquentes.
  • les parodontites précoces de l’enfant et de l’adolescent, qui évoluent rapidement.

Qui est touché ?

Selon les sources, on estime que les maladies parodontales touchent, à des degrés divers, 20 à 50% des adultes dans la plupart des pays du monde2.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime quant à elle, en se fondant sur 80 études faites dans plus de 30 pays, que 10 à 15 % des adultes souffrent de parodontite sévère dans le monde1.

Une étude menée récemment aux États-Unis confirme que près de la moitié des adultes sont atteints de parodontite à un stade léger, modéré ou grave. La prévalence et la gravité de la maladie augmentent avec l’âge. Cette même étude souligne qu’environ 65% des personnes de plus de 65 ans présenteraient une parodontite modérée ou grave3.

La parodontite agressive, qui touche davantage les jeunes, est plus rare. On estime qu’elle touche 0,1 à 0,2 % de la population en Europe, et jusqu’à 5 à 10% des Nord-Américains d’origine hispanique ou africaine4.

Causes de la maladie

La parodontite est une maladie d’origine complexe qui fait intervenir deux facteurs :

  • des bactéries buccales, néfastes ou « pathogènes ».
  • un affaiblissement ou un manque de réactivité du système immunitaire, qui laisse ces bactéries gagner du terrain et se multiplier.

Plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’apparition d’une parodontite comme le tabac, une infection, une mauvaise alimentation, etc.

La parodontite peut aussi être une manifestation associée à certaines maladies générales, comme le diabète (voir la partie « personnes à risque et facteurs de risque »).

Des centaines d’espèces différentes de bactéries vivent dans la bouche. Certaines sont bénéfiques mais d’autres néfastes pour la santé bucco-dentaire. Ces bactéries forment un film sur les gencives et les dents, qui constitue la plaque dentaire

Cette plaque dentaire est éliminée lors du brossage des dents, mais elle se reforme rapidement et peut se solidifier en tartre.

En quelques jours, le tartre peut provoquer une inflammation des gencives qu’on appelle gingivite. Progressivement, si le système immunitaire ne réagit pas de façon assez virulente, l’équilibre entre « bonnes » et « mauvaises » bactéries va se rompre. Les bactéries néfastes comme lesPorphyromonas gingivalis vont prendre le dessus et s’attaquer aux gencives, jusqu’à détruire les tissus environnants. C’est ainsi que la parodontite débute. A chaque forme de parodontite est associée un type de bactérie différent, ce qui rend l’étude de ces maladies assez complexe5.

Évolution et complications possibles

La parodontite survient lorsqu’une gingivite n’est pas soignée et qu’elle progresse. En l’absence de traitement, la parodontite peut conduire à la chute des dents.

La parodontite chronique de l’adulte évolue lentement, sur plusieurs années.

La parodontite agressive débute vers l’adolescence ou avant l’âge de 30 ans et subit une évolution rapide.

Par ailleurs, la parodontite chronique est associée à une inflammation prolongée, qui a des effets négatifs sur tout l’organisme et qui peut augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, entre autres6.

Les symptômes​

La parodontite débute par une inflammation des gencives, appelée gingivite.

Les premiers symptômes sont des saignements des gencives, survenant soit spontanément soit lors du brossage des dents.

Quand la maladie évolue, d’autres symptômes peuvent apparaître comme :

  • des rougeurs et un gonflement des gencives ;
  • une rétraction des gencives (les dents semblent plus longues) et la formation de poches (espaces vides) entre les dents et la gencive ;
  • un abcès de la gencive avec du pus ;
  • des douleurs lors de la mastication ;
  • des dents qui bougent et se déchaussent ;
  • une mauvaise haleine persistante.

Attention, la parodontite se développe souvent de façon insidieuse, et les symptômes n’apparaissent généralement que tardivement. Un examen dentaire et parodontal régulier est indispensable pour détecter la parodontite le plus précocement possible.

Les personnes à risques et les facteurs de risque

Personnes à risque 

Les personnes les plus à risque de parodontite sont :

  • Les personnes âgées ;
  • Les femmes enceintes ou ménopausées (en raison des changements hormonaux) ;
  • Les personnes atteintes de diabète de type 2, qui sont aussi plus susceptibles de souffrir d’une forme de parodontite grave ou évoluant rapidement ;
  • Les personnes atteintes d’une autre maladie :

La leucémie

Une infection au VIH/sida, associée à une parodontite très agressive

Une maladie génétique : trisomie 21, histiocytose X, neutropénie familiale cyclique, syndrome de déficience d'adhésion des leucocytes, syndrome de Ehlers-Danlos, etc.7

Certaines personnes ont un risque plus élevé de parodontite du fait d’une susceptibilité génétique, c’est-à-dire une combinaison de gènes qui les rend naturellement plus sujettes à développer la maladie. Il faut être encore plus vigilant lorsque plusieurs personnes sont atteintes dans la famille.

Facteurs de risque

Voici les facteurs qui augmentent le risque de parodontite, notamment parce qu’ils affaiblissent le système immunitaire8 :

  • Le tabagisme
  • L’obésité
  • Une mauvaise alimentation. Les études montrent que les parodontites sont plus fréquentes chez les personnes à faible revenu. La malnutrition et les carences en vitamine C augmentent nettement le risque de maladie parodontale.
  • La consommation de drogues ou d’alcool, qui augmente la gravité de la maladie parodontale.
  • La prise de certains médicaments (comme le psychotropes, les antihypertenseurs ou les antihistaminiques) qui réduisent la production de salive et augmentent ainsi le risque d’infection bucco-dentaire.
  • Le port d’un appareil dentaire fixé sur les dents (« bagues » ou « broches »), qui gêne le nettoyage de la plaque dentaire. Une vigilance extrême quant à l’hygiène dentaire est nécessaire pendant toute la durée du traitement orthodontique.

La prévention

Peut-on prévenir ?

Bien que des facteurs génétiques et immunitaires entrent en jeu dans l’apparition des parodontites, il est possible de prévenir la majorité d’entre elles par une hygiène bucco-dentaire stricte et un examen parodontal et dentaire régulier, permettant d’intervenir à temps en cas de gingivite.

Mesures préventives de base

Des mesures d’hygiène et de surveillance permettent de prévenir la plupart des parodontites9 :

  • Un brossage de dents efficace, deux fois par jour, avec une brosse à dents à poils souples (qui doit être changée tous les mois ou tous les 2 mois). Le dentiste peut expliquer le geste du brossage qui ne doit pas aggraver les lésions des gencives mais doit tout de même permettre de nettoyer le sillon gingivo-dentaire, c'est-à-dire la jonction entre les gencives et les dents.
  • Le passage du fil (soie) dentaire une fois par jour, pour éliminer les bactéries et les déchets entre les dents.
  • Un examen dentaire annuel, au cours duquel le dentiste examine l’état de santé des gencives et, le cas échéant, l’espace entre les gencives et les dents pour s’assurer qu’aucune poche ne se forme.
  • Un détartrage régulier.
  • Une radiographie des dents tous les 2 ou 3 ans pour détecter une perte osseuse anormale.

Il est également recommandé de cesser de fumer et de limiter la consommation d’alcool et de sucre.

Situations particulières

Du fait du risque accru de parodontite pendant la grossesse, les femmes enceintes doivent bénéficier d’un suivi dentaire pendant et après la grossesse.

En cas de traitement orthodontique, la surveillance doit être accrue et un examen complet doit être effectué tous les 6 mois.

Les traitements médicaux

Traitements médicaux

Lorsqu’une parodontite est diagnostiquée, le but du traitement est d’arrêter le plus vite possible la progression de la maladie et, si possible, de restaurer les structures de soutien des dents. Le type de traitement dépend de l’avancée de la maladie et de l’état de santé global de la personne atteinte.

Le traitement repose sur :

  • un nettoyage complet des dents, de leurs racines et des gencives
  • si nécessaire, un traitement antibiotique
  • si nécessaire, un traitement chirurgical
  • un entretien quotidien à domicile et un nettoyage régulier chez le dentiste tous les 3 mois.

Nettoyage des dents

Un nettoyage complet est très souvent suffisant pour arrêter le progression des parodontites. C’est la première étape indispensable de tout traitement parodontal.

En éliminant les bactéries et le tartre fixés sur les dents et leurs racines (mises à nues par la destruction des tissus de soutien), le dentiste permettra à la gencive qui s’est décollée d’adhérer de nouveau aux dents et de limiter ainsi la progression bactérienne. Il est nécessaire de favoriser la cicatrisation des poches parodontales qui constituent des réservoirs de bactéries.

Ce traitement s’appelle le « surfaçage radiculaire » : il s’effectue en une à deux séances rapprochées, sous anesthésie locale, à l’aide de curettes manuelles ou d’appareils à ultrasons. Ce surfaçage ne sera efficace à long terme que s’il s’accompagne quotidiennement d’un brossage méticuleux, complété par le passage du fil dentaire.

Remarque :

Avant ce traitement, des bains de bouche désinfectants peuvent être prescrits par le dentiste. Ils permettent de réduire le nombre de bactéries présentes dans la bouche (chlorhexidine de 0,1 à 0,2%). Cependant, l’usage de bain de bouche doit être temporaire et il ne remplace en aucun cas le brossage des dents. Il peut même être nocif car il élimine également les « bonnes » bactéries.

Traitement chirurgical

Dans 5 à 10% des cas, le surfaçage radiculaire ne suffit pas à réduire les poches parodontales. Des techniques chirurgicales doivent alors être employées.

En incisant la gencive, le chirurgien dentiste peut nettoyer les poches parodontales de manière exhaustive et retirer le tartre inaccessible autrement. La gencive est ensuite replacée et cicatrise en adhérant aux dents et aux os nettoyés.

Si l’os est détruit de façon trop importante, une chirurgie parodontale régénératrice peut être proposée. Elle consiste à reconstituer le tissu de soutien des dents pour obtenir une meilleure cicatrisation et un bon ancrage des dents. Plusieurs techniques existent pour combler les destructions osseuses :

  • utilisation de biomatériaux (membranes permettant la croissance de nouveau tissu osseux)
  • réalisation d’une greffe osseuse (os prélevé ailleurs sur le corps du patient)

Enfin, il est possible d’effectuer une greffe gingivale pour contrer la rétraction des gencives qui cause « l’allongement » inesthétique des dents, c'est-à-dire le déchaussement. La greffe est réalisée en prélevant du tissu au niveau du palais.

Traitement antibiotique

Dans la majorité des cas de parodontites, les traitements « mécaniques » permettent de stopper la maladie. Cependant, dans le cas de certaines parodontites agressives, un traitement antibiotique complémentaire est nécessaire.

Ce traitement est aussi utilisé en cas de récidive (réinfection des poches) ou chez certaines personnes fragiles, ayant des problèmes cardiaques ou un diabète de type 2 mal contrôlé.

Références

Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée.

Bibliographie

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Natural Standard (Ed). Gum disease: gingivitis and periodontitis. Nature Medicine Quality Standards. [Consulté le 29 mars 2013]. www.naturalstandard.com
Classification des parodontites : controverses actuelles et perspectives d’avenir. L. Abdallaoui et al, Information dentaire n°42, 5 décembre 2001.
Medical News Today. What is periodontitis? [Consulté le 29 mars 2013].
Etude de l’immuno-réactvité épithéliale gingivale en réponse à deux bactéries commensales : Implication du TLR2. Thèse de doctorat de l’Université de Toulouse. A. Peyret-Lacombe. 2007.
National Institute of Dental and Craniofacial Research (National Institutes of Health). Periodontal (gum) disease : causes, symptoms and treatments. [Consulté le 29 mars 2013].
University of Maryland Medical Center. Patient Education. Periodontal Disease. [Consulté le 29 mars 2013].

Notes

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2. Global epidemiology of periodontal diseases: an overview. Albandar JM, Rams TE. Periodontol 2000. 2002;29:7-10.
3. Prevalence of Periodontitis in Adults in the United States: 2009 and 2010. Eke PI, Dye BA, Wei L, et al. J Dent Res. 2012 Oct;91(10):914-20. Epub 2012 Aug 30.
4. Guidelines for periodontal care and follow-up during orthodontic treatment in adolescents and young adults. Levin L, Einy S, Zigdon H, Aizenbud D, Machtei EE. J Appl Oral Sci. 2012 Jul-Aug;20(4):399-403. Review.
5. Antibiothérapie et maladies parodontales. V. Orti, O. Jame, I. Calas, P. Gibert. EMC-Dentisterie, Volume 1, Issue 1, Février 2004, pages 62-70.
6. Salivary diagnostics for periodontal diseases. Giannobile WV. J Am Dent Assoc. 2012 Oct;143(10 Suppl):6S-11En
7. Classification des maladies parodontales adaptée de Armitage 1999, ANAES
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9. Preventing periodontal disease, JADA, Vol 132, Septembre 2001.
10. The action of thymol on oral bacteria. Shapiro S. Oral Microbiol Immunol. 1995 Aug;10(4):241-6.11. Pilot study of dietary fatty acid supplementation in the treatment of adult periodontitis. Rosenstein ED, Kushner LJ, Kramer N, et al. Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids. 2003;68:213-218.
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