L'hypertrophie bénigne de la prostate
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L'hypertrophie bénigne de la prostate

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 925

L'hypertrophie bénigne de la prostateL’hypertrophie bénigne de la prostate se caractérise par une augmentation de la taille de la prostate. Une prostate volumineuse comprime l’urètre tout en faisant pression sur la vessie, ce qui engendre un besoin fréquent d’uriner et divers problèmes de miction, selon le cas (débit plus faible et intermittent, douleurs, etc.).

Presque tous les hommes sont sujets à l’hypertrophie bénigne de la prostate, en vieillissant. En effet, plus de 50 % des hommes âgés de 60 ans en sont atteints, et 90 % de ceux de plus de 80 ans. Cependant, tous n’en souffrent pas : environ 1 homme atteint sur 2 est incommodé par des symptômes urinaires.

Cette affection n’est pas d’origine cancéreuse. Elle n’augmente pas le risque de cancer de la prostate, mais n’empêche pas non plus son développement.

On appelle aussi cette affection « hyperplasie bénigne de la prostate ». L’hyperplasiedésigne la prolifération des cellules de la prostate. Le terme hypertrophie, quant à lui, fait référence à l’augmentation du volume de la prostate.

Les causes de l’hypertrophie bénigne de la prostate ne sont pas clairement identifiées. Il existe probablement une prédisposition héréditaire car certaines familles sont plus affectées que d’autres. Toutefois, d’autres facteurs entrent en jeu. Par exemple, on sait que la testostérone et son dérivé actif, la dihydrotestostérone, jouent un rôle important. Aussi, les oestrogènes, des hormones sexuelles féminines présentes en petite quantité chez l’homme, pourraient être impliquées. Pour le moment, on ignore les mécanismes exacts par lesquels ils agissent. Il est possible qu’avec l’âge, la prostate devienne plus sensible à ces hormones.Causes

La prostate

La prostate, glande génitale de la taille et de la forme d’une châtaigne, est située sous la vessie (voir le schéma ci-dessus). Elle entoure l’urètre, le canal par lequel l’urine et le sperme sont évacués. Située au carrefour des voies urinaires et génitales, la prostate sécrète les substances nutritives et fluidifiables du sperme. Le poids de la prostate augmente entre la naissance et la puberté pour se stabiliser vers l’âge adulte; il atteint alors de 15 g à 20 g. Dès la quarantaine, le volume de la prostate tend à augmenter et continue de grossir avec l'âge. La prostate peut atteindre 7 fois sa taille initiale.

Conséquences et complications possibles

Les hommes atteints d’hypertrophie bénigne de la prostate risquent davantage de rencontrer l’un ou l’autre des problèmes suivants. Cependant, la majorité d’entre eux n’en souffrent pas.

  • Des infections urinaires : une vessie qui ne se vide pas complètement favorise la prolifération de bactéries. Si les infections urinaires se produisent à répétition, une chirurgie pour réduire le volume de la prostate et désobstruer les voies urinaires peut être envisagée ;
  • La rétention aiguë d'urine dans la vessie : lorsque l'urètre est complètement comprimé, il devient impossible d’uriner ; ce qui cause des douleurs aiguës. Il s'agit d'une situation d'urgence médicale. Un cathéter est introduit dans l’urètre pour vider la vessie ;
  • Des calculs dans la vessie : des dépôts de minéraux peuvent se produire et causer des infections, irriter la paroi de la vessie et obstruer l’évacuation de l’urine ;
  • Une distension des parois de la vessie : l’hypertrophie bénigne de la prostate peut accélérer le vieillissement de la paroi de la vessie; avec le temps, celle-ci perd du tonus et ses contractions sont moins efficaces. Il arrive que la vessie reprenne du tonus après une chirurgie de réduction de la prostate ;
  • Des dommages aux reins : la rétention chronique d'une certaine quantité d’urine dans la vessie et les infections urinaires à répétition peuvent compromettre les fonctions rénales, à long terme.

Diagnostic

Il est important de consulter un médecin en cas de symptômes. On réduit ainsi le risque de complications sévères. Toutefois, il faut savoir qu’il n’y a pas toujours de relation entre les symptômes ressentis et le volume de la prostate. En effet, certains hommes ont une prostate volumineuse sans avoir de symptômes, alors que d’autres en présentent malgré une plus petite prostate.

Par un toucher rectal, le médecin peut détecter une prostate hypertrophiée et en suivre l'évolution. Ce test sert aussi à détecter la présence de nodules dans la prostate et d’évaluer le risque qu’il y ait un cancer. Une analyse d’urine et un test sanguin pour mesurer le taux d’antigène prostatique spécifique (APS) peuvent être effectués, selon le cas.

Les symptômes de l'hypertrophie bénigne de la prostate

  • Des envies d'uriner de plus en plus fréquentes (d’abord nocturnes, puis diurnes) ;
  • Une faiblesse du jet urinaire ;
  • Un effort pour amorcer le premier jet urinaire ;
  • L'intermittence du jet (par à-coups) ;
  • Des « gouttes retardataires » ;
  • Une sensation de ne pas vider complètement la vessie ;
  • Des mictions douloureuses ;
  • La présence de sang dans les urines ;
  • Parfois, une baisse de force à l’éjaculation.

Les personnes à risque et les facteurs de risque de l'hypertrophie

Les personnes à risque

  •  Les hommes âgés de 50 ans et plus ;
  • Les antécédents familiaux : les hommes ayant un parent proche qui a souffert d'hypertrophie bénigne de la prostate seraient plus à risque ;
  • Les origines ethniques. Cette maladie est rare chez les Asiatiques, et plus commune chez les Caucasiens et les Noirs.

Les facteurs de risque

On suspecte certains facteurs d’augmenter le risque d’hypertrophie bénigne de la prostate, mais aucun n’a encore été établi officiellement.

  • Les preuves scientifiques selon lesquelles l’inactivité physique contribue à l’hypertrophie bénigne de la prostate s’accumulent1-5. Les chercheurs ont en effet remarqué que les hommes actifs physiquement en étaient moins souvent atteints ;
  • Certains experts estiment que l’obésité et le diabète constitueraient d’autres facteurs de risque3, tout comme pourraient l’être le tabagisme, l’hypertension, l’hypercholestérolémie et une alimentation nocive pour le système vasculaire1,3. Mais il s’agit encore d’hypothèses ;
  • Il est possible que les hommes d’âge mûr qui choisissent de suivre un traitement hormonal à la testostérone pour contrer leurs symptômes d’andropause (baisse d’appétit sexuel, érections moins vigoureuses, manque d’énergie, etc.) s’exposent à un risque accru d’hypertrophie bénigne de la prostate, à long terme6. L’emploi de ce type d’hormones est encore trop récent pour savoir si cela se produit en réalité.

La prévention de l'hypertrophie bénigne de la prostate

Mesures pour prévenir l’aggravation des symptômes

Les hommes atteints d’hypertrophie bénigne de la prostate peuvent néanmoins tenter d’en prévenir l’aggravation par les moyens suivants :

  • Prendre le temps de vider sa vessie le plus possible à chaque miction. Certains hommes ont plus de facilité à le faire en position assise que debout ;
  • Aller uriner sans trop attendre lorsqu’une envie urgente se fait sentir, pour ne pas trop distendre la vessie. Il est normal que les envies urgentes soient plus fréquentes durant les saisons froides ;
  • Prévoir des moments dans la journée pour aller uriner : toutes les 4 heures, par exemple. Cela peut aider à diminuer le nombre d’envies urgentes, lorsque celles-ci sont fréquentes ;
  • Continuer à bien s’hydrater, mais réduire son apport en eau et en boisson 1 heure ou 2 avant un long trajet en voiture, avant le coucher et avant une situation où l’on anticipe du stress ;
  • Réduire sa consommation d’alcool et de café. L’alcool augmente le volume d’urine et réduit la sensation d’avoir envie d’uriner. Pour sa part, le café causerait un léger gonflement de la prostate, ce qui peut accentuer l’engorgement des voies urinaires ;
  • Rester actif : l’activité physique amenuise la rétention d’urine dans la vessie ;
  • La prise de médicaments diurétiques, de décongestionnants ou d’antihistaminiques (pour traiter les allergies) peut accroître les symptômes. Les personnes qui en consomment doivent en parler à leur médecin (il est toutefois déconseillé de cesser une médication sans avis médical).

Les traitements médicaux de l'hypertrophie bénigne de la prostate

arrive que des symptômes légers et stables ne fassent l’objet que d’une simple surveillance clinique au moment de l’examen médical annuel.

Médicaments

Alphabloquants. Les alphabloquants contribuent au relâchement des fibres musculaires lisses de la prostate et du col de la vessie. La vidange de la vessie à chaque miction est alors meilleure, ce qui réduit les envies fréquentes d’uriner. La famille des alphabloquants comprend le tamsulosine (Flomax®), le terazosine (Hytrin®), le doxazosine (Cardura®) et l’alfuzosine (Xatral®). Leur degré d’efficacité est comparable. Les bénéfices se font sentir rapidement, après 1 ou 2 jours de traitement. Certains de ces médicaments ont été initialement utilisés pour traiter l’hypertension, mais le tamsulosine et l’alfuzosine traitent spécifiquement l’hypertrophie bénigne de la prostate.

Certains de ces médicaments peuvent causer des étourdissements, de la fatigue ou une basse pression. La basse pression peut aussi survenir si les alphabloquants sont utilisés en même temps que des médicaments contre la dysfonction érectile (sildénafil, vardénafil ou tadalafil). En discuter avec son médecin.

Inhibiteurs de la 5-alpha-réductase. Ces types de médicaments, dont le finastéride (Proscar®) et le dutastéride (Avodart®) font partie, réduisent la production de dihydrotestostérone. La 5-alpha-réductase est une hormone qui convertit la testostérone en son métabolite actif, la dihydrotestostérone. L’efficacité maximale du traitement s’observe de 3 à 6 mois après le début de la médication. On observe une diminution du volume de la prostate d’environ 25 à 30 %. Ces médicaments engendrent des troubles érectiles chez environ 4 % des hommes qui les prennent. De plus en plus, ils sont utilisés en conjonction avec les alphabloquants.
Note. Le finastéride réduit significativement le risque d’être atteint d’un cancer de la prostate, selon une étude de grande envergure menée en 2003 (le Prostate Cancer Prevention Trial)7. Paradoxalement, dans cette étude, les chercheurs avaient noté une association entre la prise du finastéride et une détection légèrement plus fréquente d’une forme grave de cancer de la prostate. L’hypothèse selon laquelle le finastéride augmenterait le risque de cancer de la prostate grave a été réfutée depuis. On sait maintenant que la détection de cette forme de cancer a été facilitée par le fait que le volume de la prostate avait diminué. Une prostate plus petite aide à la détection des tumeurs.
Important. S’assurer que le médecin qui interprète le test sanguin de l’antigène prostatiquespécifique (APS) est au courant du traitement au finastéride, lequel abaisse le taux d’APS. Pour en savoir plus au sujet de ce test de dépistage, consulter notre fiche Cancer de la prostate.

Thérapie combinée. Le traitement consiste à prendre en même temps un alphabloquant et un inhibiteur de la 5-alpha-réductase. L’association des 2 types de médicaments serait plus efficace qu’un seul d’entre eux pour ralentir la progression de la maladie et pour améliorer ses symptômes.

Interventions chirurgicales

Si les traitements médicamenteux n’apportent pas d’améliorations, un traitement chirurgical peut être envisagé. À partir de 60 ans,10 à 30 % des malades ont recours à un traitement chirurgical pour soulager les symptômes d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Une chirurgie peut s’imposer en cas de complications.

Résection transurétrale de la prostate ou RTUP. Il s’agit de l’intervention la plus fréquemment entreprise, en raison de sa bonne efficacité. Un instrument endoscopique est introduit dans l'urètre jusqu’à la vessie. Il permet de cureter les parties hyperplasiées de la prostate. Cette opération peut aussi être réalisée à l’aide d’un laser.
Près de 80 % des hommes qui subissent cette intervention ont ensuite une éjaculation rétrograde : au lieu d’être éjaculé, le sperme est dirigé dans la vessie. Les fonctions érectiles demeurent normales.

Note. Outre la RTUP, d’autres méthodes, moins invasives, permettent de détruire l’excès de tissu prostatique : des micro-ondes (TUMT), des radiofréquences (TUNA) ou des ultrasons. Le choix de la méthode dépend entre autres de la quantité de tissu à retirer. Parfois, de minces tubes sont placés dans l’urètre afin de maintenir ce conduit ouvert. L’opération se fait sous anesthésie régionale ou générale, et dure environ 90 minutes. De 10 % à 15 % des patients opérés peuvent avoir recours à une seconde intervention chirurgicale dans les 10 années qui suivent l’opération.

Incision transurétrale de la prostate ou ITUP. L’opération indiquée en cas d’hypertrophie légère consiste à élargir l’urètre en faisant de petites incisions dans le col de la vessie, au lieu de réduire la taille de la prostate. Cette opération améliore la miction. Elle comporte peu de risque de complications. Son efficacité à long terme reste à prouver.

Chirurgie ouverte. Lorsque le volume de la prostate est important (80 à 100 g) ou que des complications le nécessitent (périodes récurrentes de rétention d’urine, dommages aux reins, etc.), une chirurgie ouverte peut être indiquée. Cette opération chirurgicale courante se fait sous anesthésie et consiste à inciser la partie basse de l’abdomen pour retirer une partie de la glande prostatique. Cette intervention peut provoquer une éjaculation rétrograde, comme c’est le cas de la résection transurétrale. Un autre effet indésirable possible de l’opération est l’incontinence urinaire.

L’opinion de notre médecin

L’hypertrophie bénigne de la prostate est une maladie fort courante. Si vous présentez des symptômes urinaires (difficulté à amorcer la miction, diminution du jet urinaire, mictions fréquentes, besoin d’uriner la nuit, etc.), je vous conseille de consulter votre médecin afin d’obtenir un diagnostic et d’écarter d’autres causes possibles de ces symptômes, tel un cancer de la prostate.

Comme son nom l’indique, l’hypertrophie bénigne de la prostate n’est pas une maladie grave. Par contre, elle peut être assez incommodante. La nécessité de traiter dépend uniquement de la gravité des symptômes et de leur répercussion sur votre qualité de vie. En général, un traitement médicamenteux sera suffisant. Lorsqu’elle s’avère nécessaire, la chirurgie demeure une bonne option.

Dr Jacques Allard, M.D., FCMFC

Références

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