La gale : qu’est-ce que c’est ?
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La gale : qu’est-ce que c’est ?

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 8 ans   | 1277

La gale La gale est une affection de la peau très contagieuse causée par un acarien, le sarcopte. Elle entraîne des démangeaisons parfois très intenses, surtout entre les doigts et au niveau des poignets.

Il s’agit d’une parasitose bénigne dans la grande majorité des cas, mais qui nécessite un traitement car elle ne guérit pas spontanément.

Contrairement aux idées reçues, la gale n’est pas causée par un manque d’hygiène et elle peut sévir dans tous les milieux sociaux.

Qui est touché par la gale ?

Selon l’Organisation Mondiale pour la Santé, la gale affecte environ 300 millions de personneschaque année, surtout dans les pays pauvres où elle peut toucher 50% de la population lors des épidémies. Mais elle peut toucher les personnes des deux sexes, de tous les âges, y compris les nourrissons, et de tous les milieux sociaux.

Dans les pays industrialisés, la gale survient surtout dans les collectivités (écoles, prisons, établissements de santé) ou les institutions de long séjour, notamment pour personnes âgées1.

De 2008 à 2010, l’Institut de veille sanitaire en France a mené une étude épidémiologique qui a conclu à l’augmentation du nombre de cas2. Début 2013, plusieurs épidémies ont été rapportées en France, notamment en Bourgogne et en Charente. Selon le Haut Conseil pour la Santé Publique (HCSP), il y aurait au moins 328 cas annuels pour 100 000 habitants, et l’incidence estimée de la gale en France a augmenté de l’ordre de 10 % depuis 2002, comme dans les autres pays occidentaux3.

 Il n’y a pas de données épidémiologiques récentes en Amérique du Nord.

Causes de la gale

La gale est due à la colonisation de la peau par un acarienSarcoptes scabiei hominis, qui mesure environ 0,4 mm et qui est difficile à voir à l’œil nu. La femelle creuse un sillon sous la peau et y pond ses œufs. Trois à quatre jours après la ponte, les larves éclosent et migrent à la surface de la peau où elles creusent un nouveau sillon appelé le « sillon scabieux », dont la présence permet généralement de confirmer le diagnostic. Une personne infestée « héberge » sur sa peau environ 5 à 10 acariens.

Les démangeaisons qui s’ensuivent sont la conséquence d’une réponse du système immunitaire à la présence du parasite et de ses œufs et excréments sous la peau. Elles surviennent généralement trois semaines après l’infestation, mais beaucoup plus rapidement (quelques jours) en cas de seconde infection, car l’organisme est alors « hypersensible » au parasite.

La gale est une affection très contagieuse : la transmission se fait principalement par contact direct, peau contre peau. Elle est favorisée par les contacts physiques rapprochés et prolongés : vie familiale, groupes d’enfants, vie en collectivité3. La gale est également transmissible par voie sexuelle.

Dans certains cas, une transmission indirecte à partir du linge ou de la literie est possible, même si le parasite ne survit pas longtemps hors de la peau humaine.

Évolution et complications possibles

La gale n’est pas une maladie dangereuse, mais les démangeaisons persistantes et intenses peuvent affecter fortement la qualité de vie. Les lésions peuvent parfois s’infecter en raison du grattage, ou évoluer, dans de rares cas, en gale dite « croûteuse » ou hyperkératosique (ou norvégienne).

La gale hyperkératosique survient généralement chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli (VIH, personnes âgées…), et elle est extrêmement contagieuse. Elle forme des croûtes, qui contiennent de très nombreux parasites, et qui apparaissent au niveau des plis, du dos, du cuir chevelu. Le plus souvent, il n’y a peu ou pas de démangeaisons associées, ce qui peut être trompeur pour les médecins.

Chez ces personnes affaiblies, les lésions liées au grattage peuvent aussi favoriser les infections bactériennes potentiellement mortelles (septicémie)4.

Les symptômes de la gale, les personnes à risque et les facteurs de risque

Symptômes de la gale

Le symptôme principal de la gale est un prurit diffus, c’est-à-dire des démangeaisons diffuses, qui s’aggrave la nuit et peut perturber le sommeil. Les démangeaisons touchent souvent en même temps plusieurs membres de la famille, plusieurs enfants de l’école ou personnes de l’entourage.

Les démangeaisons et les lésions surviennent surtout au niveau :

  • des espaces interdigitaux (entre les doigts)
  • des poignets et des coudes (dans le pli)
  • des aisselles
  • des seins chez les femmes
  • des organes génitaux chez les hommes surtout
  • du nombril

La lésion cutanée la plus caractéristique de la gale est le sillon scabieux (petit sillon rouge, pas toujours facile à repérer), mais d’autres types de lésions peuvent également être présentes (de type petit bouton, nodule, etc.).

Chez les nourrissons et les jeunes enfants, les lésions peuvent être réparties un peu partout sur le corps (comme de l’eczéma), y compris sur le visage et le cuir chevelu. Elles ne démangent pas toujours, ce qui peut rendre le diagnostic plus difficile5.

Généralement, le médecin n’a pas besoin de faire d’examen pour diagnostiquer la gale, mais il peut parfois faire un prélèvement cutané ou un examen dermatologique (dermoscopie) pour visualiser le parasite au microscope.

La gale peut être confondue avec d’autres affections de la peau, notamment avec la dermatite atopique, le lichen plan, l’eczéma.

Personnes à risque

Tout le monde peut être touché par la gale, mais certaines personnes sont plus fragiles, notamment6:

  • les jeunes enfants (dans certains pays, 5 à 10% des enfants sont touchés source4),     
  • les personnes âgées,
  • les personnes atteintes du VIH/sida,
  • les personnes dont le système immunitaire est affaibli (traitement immunosuppresseur, leucémie, personnes greffées, etc.).

Ces personnes sont également plus susceptibles de souffrir de gale norvégienne7.

Facteurs de risque

Plusieurs facteurs peuvent favoriser la transmission de la gale :

  • la promiscuité (écoles, garderies, hôpitaux, maisons de retraite…),
  • l’absence de traitement des premières personnes touchées ou de tous les contacts touchés,
  • l’accès réduit aux soins et à l’eau potable,
  • l’absence d’éradication de la gale sur les vêtements et les draps de lit.

Prévention et traitements médicaux de la gale

Prévention de la gale

Peut-on prévenir ?

Il n’est pas possible de prévenir l’infection par les parasites lorsqu’on est en contact rapproché avec des personnes atteintes. Seule une prise en charge rapide des personnes touchées peut permettre de limiter la transmission du parasite.

Mesures préventives de base

Dès qu’un cas de gale apparaît, les mesures suivantes doivent être appliquées :

  • limiter les contacts avec la personne atteinte (limiter les visites, éviter de partager la literie, le linge de maison ou les sanitaires sans désinfection préalable),
  • dans les collectivités, isoler si possible la personne atteinte ou regrouper toutes celles qui le sont,
  • lors des soins, porter des gants, se laver régulièrement les mains (avant et après, ainsi que plusieurs fois par jour), car cela élimine les parasites qui pourraient s’y trouver,
  • laver le linge à haute température (Voir traitements médicaux).

Traitements médicaux de la gale

Les recommandations de traitement de la gale varient selon les pays. Par ailleurs, les médicaments recommandés dans certains pays ne sont pas commercialisés partout.

Toutes les recommandations de traitement s’accordent toutefois sur les points suivants :

  • Le traitement se fait soit par voie orale, soit par voie locale, les études ne permettant pas de déterminer laquelle de ces modalités est la plus efficace.
  • Le traitement doit être mis en place rapidement, et les contacts de la personne atteinte doivent également être traités (dépendamment de la proximité avec le cas et du type de gale).
  • Le linge doit être désinfecté pour éviter une éventuelle recontamination.

À noter : les démangeaisons peuvent persister pendant une à deux semaines après le traitement.

En France, face à la recrudescence de cas de gale, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a établi de nouvelles recommandations en 20123 qui s’inspirent des autres recommandations internationales. En dépit d’un « faible niveau de preuve », le Haut Conseil recommande de procéder à « deux applications pour les traitements topiques (= locaux) ou de faire deux administrations orales pour l’ivermectine ». Cette précaution permet d’éliminer tous les parasites qui auraient pu « échapper » au premier traitement.

Traitement oral par l’ivermectine

Il s’agit du seul traitement contre la gale remboursé par l’Assurance maladie en France. De plus, sa simplicité d’administration fait pencher la balance en sa faveur en cas d’épidémie. L’ivermectine agit en neutralisant le système nerveux des parasites, avec une efficacité variable selon les études. Elle est administrée en une prise unique par voie orale et est bien tolérée, même si elle cause parfois vertiges et étourdissements.

Une deuxième dose peut être proposée deux semaines après la dose initiale.

L’ivermectine est également indiquée dans le traitement de la gale norvégienne ou hyperkératosique, à des doses de 200 μg/kg. Elle peut être utilisée chez les personnes immunodéprimées, mais pas chez les femmes enceintes ni chez les jeunes enfants.

En cas de gale hyperkératosique, le HCSP recommande que le patient soit hospitalisé en isolement strict, en milieu dermatologique. « Un double traitement, général et local, est indispensable, et doit être répété toutes les semaines jusqu'à ce que les prélèvements parasitologiques soient négatifs ».

Traitement local (topique)

Deux traitements locaux contre la gale sont disponibles en France :

  • le benzoate de benzyle/sulfiram, qui semble être le traitement local à privilégier, bien que son efficacité en application unique ne dépasse pas 60 %.
  • l’esdépalléthrine (pyréthrinoide de synthèse) en spray.

La perméthrine à 5 %, efficace et disponible sous forme de crème dans de nombreux pays, n'est pas commercialisée en France. Elle est préconisée au Canada, et elle doit être appliquée le soir à deux reprises, à une semaine d’intervalle.

Le crotamiton (Eurax), sous forme de crème en application une fois par jour pour 2 à 5 jours, peut être utilisé surtout chez les nourrissons.

Les lotions à base de lindane, efficaces mais toxiques, ne sont généralement plus utilisées, du moins dans les pays développés.

Mesures d’hygiène pour éviter la propagation de la gale

Le linge (vêtements, linge de lit, serviettes) utilisé depuis moins de 72 heures par toutes les personnes vivant sous le même toit doit impérativement être lavé à 60°C (cela suffit pour le décontaminer).

Selon les recommandations du HCSP, dans le cas où le linge ne peut être lavé en machine à cette température, l’utilisation d’un produit acaricide est conseillée.

Le linge peut également être laissé dans un sac pendant au moins 72 heures à température ambiante.

Le traitement environnemental (maison, mobilier, etc.) n’est pas nécessaire en cas de gale commune. Il est cependant indispensable en cas de gale hyperkératosique ou croûteuse.

Références

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Bibliographie

Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Condition – Scabies, MayoClinic.com. [Consulté le 29 août 2013]. www.mayoclinic.com
Natural Standard (Ed). Scabies/lice. Nature Medicine Quality Standards. [Consulté l le 29 août 2013]. www.naturalstandard.com
UptoDate. Scabies. [Consulté le 29 août 2013].
Toward the global control of human scabies: introducing the international alliance for the control of scabies. Engelman D, Kiang K, Chosidow O, et al. PLoS Negl Trop Dis. 2013 Aug 8;7(8):e2167.

Notes

1. Scabies. Johnstone PP, Strong M. Clin Evid 2008 Aug (Online). 22;2008.
2. La gale est-elle en augmentation en France ? État des lieux à partir de diverses enquêtes régionales et nationales. INVS 2010.
3. Survenue de un ou plusieurs cas de gale. Conduite à tenir. HCSP. 2012.

4. Toward the global control of human scabies: introducing the international alliance for the control of scabies. Engelman D, Kiang K, Chosidow O, et al.

PLoS Negl Trop Dis. 2013 Aug 8;7(8):e2167.
5. La gale du nourrisson. M. Royer, et al. Annales de Dermatologie et de Vénéréologie. Volume 135, n° 12, pages 875-2147483648 (décembre 2008).
6. Interventions for treating scabies. Strong M, Johnstone P. Cochrane Database Syst Rev. 2007 Jul 18;(3):CD000320. Review.
7. Nosocomial scabies,   R. Vorou, H.D. Remoudaki, H.C. Maltezou, Journal of Hospital Infection, Volume 65, Issue 1, January 2007, Pages 9–14
8. Acaricidal activity of Melaleuca alternifolia (tea tree) oil: in vitro sensitivity of sarcoptes scabiei var hominis to terpinen-4-ol. Walton SF, McKinnon M, Pizzutto S, Dougall A, Williams E, Currie BJ. Arch Dermatol. 2004 May;140(5):563-6.