L'hyperhidrose (Transpiration excessive)
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L'hyperhidrose (Transpiration excessive)

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 942

L'hyperhidrose (Transpiration excessive)L’hyperhidrose, du grec hidrôs qui signifie sueur, désigne la production excessive de sueur. Sur la base de quel critère peut-on qualifier la transpiration « d’excessive »? Si l’excès de sueur paraît évident en cas de fièvre ou de bouffée de chaleur, il est plus difficile à cerner lorsqu’il n’est pas associé à une maladie ou à un état particulier. On peut considérer l’hyperhidrose comme toutetranspiration incommodante difficilement contrôlable par l’usage d’antisudorifiques.

De 1 % à 3 % de la population souffrirait d’hyperhidrose. Parce qu’il s’agit d’un sujet tabou, peu de gens osent consulter un médecin. Pourtant, il existe des moyens pour mieux contrôler la production de sueur.

Types

La plupart du temps, l’hyperhidrose n’est reliée à aucun autre problème de santé. Il s’agit alors d’hyperhidrose primaire ou essentielle. L’hyperhidrose primaire peut être localisée ougénéralisée:

  • Localisée. Seules certaines régions du corps produisent plus de sueur. Lespaumes des mains et les pieds sont les plus souvent atteints, habituellement en même temps. Les aisselles peuvent aussi en être la cible, seules ou avec les mains et les pieds. Plus rarement, la transpiration exagérée peut toucher le visage et le cuir chevelu, de façon isolée;
  • Généralisée. La sueur émane exagérément de tout le corps.

Il arrive qu’un problème de santé ou une autre raison bien précise provoque des sueurs abondantes. Dans ce cas, l’hyperhidrose est dite secondaire. Une infection, de l’hyperthyroïdie, du diabète, de l’hypoglycémie ou la ménopause, avec ses typiques bouffées de chaleur, peut en être à l’origine, par exemple. L’exposition à un agent biochimique peut aussi engendrer une hyperhidrose secondaire (comme des organophosphates déjà employés comme arme chimique en période de guerre ou lors d’attentats terroristes). Il faut dans ces cas s’attaquer à la cause pour traiter l’hyperhidrose. Cette fiche porte essentiellement sur l’hyperhidrose liée à aucune autre maladie.

Causes

La sudation excessive commence généralement à la puberté. Elle se manifeste principalement chez les personnes qui éprouvent une gêne sociale, des rougissements, des palpitations cardiaques, etc. Elle survient durant le jour, jamais la nuit.

Lors d’un effort physique ou lorsqu’il fait chaud, le corps produit plus de sueur, sous la commande d’une glande nommée hypothalamus (voir l’encadré ci-dessous). En cas d’hyperhidrose, deux phénomènes pourraient se produire. C’est, du moins, ce qui a été observé en cas d’hyperhidrose liée à l’anxiété ou au stress vécu en société4. D’abord, il y aurait un hyperfonctionnement du circuit habituel initié par l’hypothalamus. En plus, d’autres circuits nerveux contrôlés par le cortex cingulaire antérieur seraient impliqués. Cette région du cerveau joue un rôle important dans le contrôle des émotions et l’adaptation aux diverses situations.

Le thermostat du corps

Transpirer est un phénomène physiologique normal. La transpiration permet de rafraîchir le corps lorsque la température corporelle augmente, durant une activité physique ou par temps chaud, par exemple. Normalement, c’est l’hypothalamus, une glande située dans le cerveau, qui agit comme centre de contrôle. L’hypothalamus maintient la température du corps autour de 37 °C. Lorsque la température interne s’élève, il réagit pour faire dilater les artères et augmenter la production de sueur. Au moment où la sueur s’évapore, elle refroidit le corps. De 2 à 5 millions de glandes sudoripares sont réparties à la surface de la peau. Elles produisent 1 litre de sueur par jour, en moyenne. En cas d’hyperhidrose, la production peut être de trois à quatre fois plus importante.

Conséquences possibles

Selon son ampleur, l’hyperhidrose peut être vécue difficilement. Elle peut préoccuper constamment l’esprit et provoquer un malaise important en public (mains moites, odeurs, vêtements trempés, etc.). La personne se retrouve alors dans un cercle vicieux, puisque la sueur elle-même est vécue de manière gênante, et que la gêne déclenche les sueurs. Dans le cadre d’une étude, il a d’ailleurs été démontré qu’environ une personne sur quatre qui souffre de phobie sociale présente une hyperhidrose qui elle-même tend à aggraver cette phobie5.

Pour ce qui est des conséquences physiologiques, les personnes atteintes d’hyperhidrose sont évidemment plus à risque de déshydratation. En outre, la sudation rend la peau plus sensible à diverses affections, comme des boutons de chaleur, le pied d’athlète, l’onychomycose et les verrues.

Quand consulter?

L’hyperhidrose est un problème chronique. Consulter un médecin au moment voulu en cas de transpiration excessive qui mine la qualité de vie.

Toutefois, en cas d’hyperhidrose soudaine non expliquée, d’hyperhidrose accompagnée d’une perte de poids ou qui se produit essentiellement la nuit, mieux vaut consulter un médecin sans tarder.

Les symptômes, les personnes à risque et les facteurs de risque 

Symptômes

Les symptômes se déclenchent lors d’un effort physique, s’il fait chaud et si une émotion forte est ressentie, comme du stress ou de l’anxiété:

  • Une transpiration excessive aux pieds, aux paumes des mains, aux aisselles, ou au visage et sur le cuir chevelu.
  • Une transpiration sur tout le corps en cas d’hyperhidrose généralisée.
  • La transpiration peut être suffisamment abondante pour mouiller un vêtement.

Personnes à risque

  • Les personnes prédisposées par leur hérédité. De 25 % à 50 % des personnes atteintes d’hyperhidrose des mains ont des antécédents familiaux4. Chaque enfant né d’un parent atteint d’hyperhidrose des mains a une possibilité sur quatre d’en être atteint à son tour;
  • Les personnes obèses sont plus à risque d’hyperhidrose généralisée;
  • Les personnes originaires de l’Asie du Sud-Est sont davantage touchées par l’hyperhidrose des mains.

Facteurs de risque

Les causes de l’hyperhidrose n’étant pas bien connues, aucun facteur de risque n’a été découvert.

La prévention

Mesures qui aident à surmonter l’hyperhidrose

Il n’existe aucun moyen de prévenir l’hyperhidrose. Toutefois, il est important de prendre conscience des éléments qui causent les sueurs pour apprendre à les surmonter. Voici quelques exemples:

  • Apprendre à se détendre. Dans le cas où les émotions sont un déclencheur des sueurs, les techniques de relaxation fournissent des outils précieux pour apprendre à prévenir ou réduire la transpiration. Il existe différentes techniques, comme le yoga, la méditation et le biofeedback, que suggèrent les experts de la clinique Mayo aux États-Unis1.
  • Modifier son alimentation. Attention à l’alcool, au thé, au café et aux autres boissons contenant de la caféine, qui augmentent la température corporelle. Manger des mets épicés a le même effet. Par ailleurs, l’ail et l’oignon donnent à la sueur une odeur forte.

Les traitements médicaux

Les traitements dépendent de l’ampleur du problème. Règle générale, les personnes qui consultent un médecin ou un dermatologue ont essayé plusieurs déodorants et antisudorifiques offerts en vente libre, avec des résultats insatisfaisants.

Antisudorifiques

Avant de consulter un médecin, on peut faire l’expérience d’antisudorifiques plus puissants que les antisudorifiques courants en consultant un pharmacien. Ces produits sont conservés derrière l’officine, car leur utilisation nécessite de bien connaître la marche à suivre.

Les produits suggérés en cas de transpiration excessive contiennent du chlorure d’aluminium, plus efficace que le chlorhydrate d’aluminium ou de zirconium, couramment employé dans les antisudorifiques réguliers2.

Produits offerts sans ordonnance:

  • Une solution d’alcool éthylique contenant du chlorure d’aluminium à des concentrations variables : 6 % (Xerac AC®), 6,25 % (Drysol doux®) et 20 % (Drysol®). Disponible sous forme d’applicateur pour les aisselles et en solution embouteillée pour les mains et les pieds;
  • Un gel hydro-alcoolique contenant 15 % de chlorure d’aluminium, pour les aisselles, les mains et les pieds (par exemple, Hydrosal®). Le gel cause habituellement moins de réactions cutanées que la solution d’alcool;
  • Le produit Certain Dri® renferme aussi du chlorure d’aluminium (12 %). Il est pour sa part offert en pharmacie sur les tablettes, car il est en solution aqueuse.

Le risque d’irritation, de démangeaisons et de rougeurs est plus grand qu’avec les antisudorifiques classiques. Suivre les indications du fabricant et du pharmacien.

Si ces produits ne contrôlent pas la sudation de façon satisfaisante, un médecin ou un dermatologue peut prescrire un antisudorifique qui contient un mélange de chlorure d’aluminium et d’autres ingrédients actifs.

On confond souvent antisudorifiques et déodorants, deux produits aux effets forts différents. Les déodorants masquent les mauvaises odeurs en les remplaçant par des parfums, tandis que les antisudorifiques diminuent la production de sueur. Les antisudorifiques sont produits à base de sels métalliques (aluminium ou zirconium) qui obstruent les conduits des glandes sudorifiques. Ils ont en plus des propriétés antibactériennes. Les antisudorifiques ont le désavantage de provoquer des irritations, des rougeurs et des démangeaisons chez certaines personnes.

Dans les cas plus graves

Ionophorèse. L’ionophorèse consiste à utiliser un courant électrique pour diminuer la sécrétion de sueur. Elle est indiquée pour les personnes qui souffrent d’une hyperhidrose grave aux mains ou aux pieds. Les mains, par exemple, sont immergées dans deux bacs d'eau, dans lesquels on met une électrode reliée à un appareil qui génère un courant de 20 milliampères. La séance dure une vingtaine de minutes et est répétée plusieurs fois par semaine. Une fois que la personne connaît bien les procédures, elle peut se procurer un appareil et faire ses traitements à la maison. Cette méthode doit être poursuivie pour conserver son efficacité. Elle comporte certaines contre-indications. S’informer auprès de son dermatologue.

Injection de toxine botulique. L’injection sous-cutanée de la toxine botulique (Botox®) est employée pour traiter l’hyperhidrose grave des aisselles, des mains, des pieds et du visage. La toxine botulique bloque les transmissions nerveuses en direction des glandes sudorifiques. L’effet des injections persiste environ quatre mois. L’anesthésie locale est nécessaire. Elle peut se faire par l’injection de lidocaïne ou par un pistolet (sans aiguille). Un traitement nécessite plusieurs injections et coûte quelques centaines de dollars. Cet usage du Botox® est autorisé par Santé Canada, et en France pour l'hyperhidrose axillaire sévère. Des contre-indications s’appliquent.

Avertissement. En cas de difficulté à avaler, à respirer ou à parler après un traitement au Botox, consulter un médecin rapidement. Santé Canada a émis un avertissement en janvier 2009 indiquant que la toxine botulique peut se disperser dans le corps et provoquer des effets indésirables importants : affaiblissement musculaire, problèmes de déglutition, pneumonie, troubles de la parole et difficultés respiratoires3.

Médicaments anticholinergiques. Ces médicaments pris par voie orale, comme le glycopyrollate et la propanthéline, bloquent l’action de l’acétylcholine. Ce messager chimique stimule une foule de réactions biologiques, y compris la production de sueur. Cette option est toutefois peu utilisée et peu intéressante à long terme en raison des effets secondaires (bouche sèche, constipation, perte du goût, étourdissements, etc.). Les anticholinergiques sont surtout employés en cas detranspiration généralisée (sur tout le corps). Il existe aussi des anticholinergiques topiques sous forme de solutions aqueuses, appliqués sur le front et le cuir chevelu.

Thérapie cognitivo-comportementale, antidépresseurs. Lorsque la composante psychique est importante, certains médecins prescrivent des tranquillisants, des médicaments antidépresseurs ou des anxiolytiques. Une thérapie cognitivo-comportementale peut également être recommandée.

Traitements chirurgicaux

Sympathectomie thoracique. Cette chirurgie, qui consiste à détruire de manière définitive les ganglions sympathiques qui innervent les glandes sudoripares, traite l’hyperhidrose des aisselles et des mains. L’intervention peut être faite avec un endoscope, ce qui réduit à la fois la taille de l’incision et le temps de convalescence. Néanmoins, il se peut qu’une hyperhidrose compensatrice se produise dans le dos ou à l’arrière des jambes.

Excision des glandes sudoripares. Par chirurgie, il est possible d’enlever une partie des glandes sudoripares des aisselles. Les complications locales sont rares.

Conseils pour un meilleur confort au quotidien:

  • Se laver quotidiennement pour éliminer les bactéries.
  • Se sécher correctement après le bain ou la douche. Bactéries et champignons ont tendance à proliférer sur une peau humide. Surveiller particulièrement la peau entre les orteils. Au besoin, saupoudrer les pieds d’un produit antisudorifique après le séchage;
  • Boire beaucoup d’eau pour compenser les pertes, ce qui peut aller jusqu’à 4 litres par jour. L’urine doit être claire;
  • Changer tous les jours de chaussures si la sueur est localisée aux pieds. Les chaussures ne sécheront probablement pas en une nuit. Il est donc préférable de ne pas mettre la même paire deux jours de suite;
  • Choisir des vêtements en tissus naturels (coton, laine, soie) qui permettent à la peau de respirer. Pour les activités sportives, privilégier les fibres « respirantes » qui permettent à la transpiration de s’évaporer;
  • Porter des vêtements appropriés à la température ambiante. Avoir à portée de la main un vêtement de rechange;
  • Opter pour des chaussures en cuir et des chaussettes en coton ou en laine. Durant la pratique d’activités sportives, porter des chaussettes de sport adaptées et des chaussures avec semelles absorbantes ou antifongiques. Changer de chaussettes une à deux fois par jour;
  • Aérer le plus souvent ses pieds;
  • Utiliser des antisudorifiques la nuit sur la paume des mains et la plante des pieds. Préférer les antisudorifiques sans parfum.

Références

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Bibliographie

Antranik Benohanian MD. [Consulté le 26 mai 2009]. www.benohanian.com
Ask DrWeil, Polaris Health (Ed). Q & A Library. Too much sweat?, DrWeil.com. [Consulté le 25 mai 2009]. www.drweil.com
Association médicale canadienne. Encyclopédie médicale de la famille, Sélection du Reader's Digest, Canada, 1993.
Blumenthal M, Goldberg A, Brinckmann J (Ed). Expanded Commission E Monographs, American Botanical Council, publié en collaboration avec Integrative Medicine Communications, États-Unis, 2000.Hyperhidrosis: evolving therapies for a well-established phenomenon. Eisenach JH, Atkinson JL, Fealey RD. Mayo Clin Proc. 2005 May;80(5):657-66. Review. Erratum in :Mayo Clin Proc. 2005 Jun;80(6):828. Texte intégral : www.mayoclinicproceedings.com
International Hyperhidrosis Society. [Consulté le 26 mai 2009]. www.sweathelp.org
Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Conditions – Hyperhidrosis (excessive sweating), MayoClinic.com. [Consulté le 26 mai 2009]. www.mayoclinic.com
National Library of Medicine (Ed). PubMed, NCBI. [Consulté le 26 mai 2009]. www.ncbi.nlm.nih.gov
Natural Standard (Ed). Medical Conditions - Perspiration, Nature Medicine Quality Standards. [Consulté le 26 mai 2009]. www.naturalstandard.com

Notes

1. Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Conditions – Hyperhidrosis (excessive sweating), MayoClinic.com. [Consulté le 26 mai 2009]. www.mayoclinic.com
2. Antranik Benohanian, M.D. Le traitement local de l’HH, Hyperhidrose. [Consulté le 28 mai 2009]. www.hyperhidrose.ca
3. Santé Canada. Salle des médias - Nouvelle information concernant l'innocuité du Botox et du Botox Cosmetic, Santé Canada. [Consulté le 28 mai 2009]. www.hc-sc.gc.ca
4. Hyperhidrosis: evolving therapies for a well-established phenomenon. Eisenach JH, Atkinson JL, Fealey RD. Mayo Clin Proc. 2005 May;80(5):657-66. Review. Erratum in : Mayo Clin Proc. 2005 Jun;80(6):828. Texte intégral : www.mayoclinicproceedings.com
5. Hyperhidrosis in social anxiety disorder. Davidson JR, Foa EB, Connor KM, Churchill LE. Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2002 Dec;26(7-8):1327-31.