L'angoisse
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L'angoisse

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 967

Définition de la crise d'angoisse

La crise d'angoisse ou attaque de panique est une des manifestations possibles des troubles anxieux. C'est une crise d'angoisse aiguë qui apparaît de façon brutale et qui dure de quelques minutes à quelques heures.  La personne va ressentir une peur intense (de mourir, de devenir fou), une sensation de danger immédiat et des sensations physiques désagréables(palpitation, sueurs, tremblements, douleurs thoraciques, etc). 

Les symptômes physiques qui accompagnent l'attaque de panique vont être plus ou moins spectaculaires et vont alimenter et aggraver la peur ressentie par la personne qui a l'impression de perdre totalement le contrôle

Remarque : Il serait faux de dire que les difficultés respiratoires ou les problèmes de tétanie sont toujours synonymes de crise d’angoisse. De nombreuses maladies peuvent causer ce type de symptômes (l’asthme, par exemple), et, il est important de consulter son médecin dans tous les cas pour obtenir le bon diagnostic.

Causes

Les mécanismes de la crise d’angoisse ne sont pas très bien connus, mais ils font interagir de nombreux facteurs d’ordre biologique, psychologique, génétique, et cardio-respiratoire. 

Selon certaines théories, il s’agirait d’une réaction inappropriée ou excessive au stress.

Ainsi, différentes situations de peur et d’angoisse (dont celle de ne plus pouvoir respirer) peuvent déclencher l’hyperventilation, qui peut elle-même engendrer certains symptômes, en particulier les vertiges, l’engourdissement des membres, les tremblements et les palpitations1. 

À leur tour, ces symptômes aggravent la peur et l’anxiété. Il s’agit donc d’un cercle vicieux qui s’auto-entretient.

Enfin, des recherches ont montré que l'administration de certaines substances (lactate de sodium, dioxyde d'azote,...) agissant sur la régulation de certains neurotransmetteurs déclencherait des attaques de panique. 

Dans l'approche psychanalytique, la névrose d'angoisse dont le trouble panique fait parti, trouverait son origine dans une accumulation d'excitation sexuelle. La pulsion sexuelle se transformerait en une tension nerveuse. 

Troubles associés

Dans le cadre du trouble panique,on retrouve principalement des troubles psychopathologiques associés. Toutefois, il est difficile de savoir si c'est l'apparition du trouble panique qui va entraîner ces troubles où si la présence de ces troubles conduira la personne à développer un trouble panique.

D'après certaines études, les principaux troubles psychologiques associés au trouble panique, sont :

  • la dépression
  • la phobie sociale (anxiété induite par des situations sociales)
  • un trouble de l'anxiété généralisé (TAG)
  • les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
  • un trouble de stress post-traumatique (anxiété induite par un traumatisme)

Prévalence

On peut estimer que 21 personnes sur 100 vivront un jour ou l'autre, au cours de leur vie, l'expérience d'une attaque de panique alors que seulement 1 personne sur 100 développera un trouble panique. Enfin, les attaques de panique surviennent le plus souvent chez des personnes jeunes (entre 15 et 45 ans) et elles sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes.

Les personnes les plus touchées par les attaques de paniques sont :

  • les femmes (elles sont 1,5 à 2 fois plus touchées que les hommes)
  • les jeunes (entre 15 et 20 ans)
  • les personnes ayant des antécédents familiaux de troubles paniques
  • les personnes présentant une personnalité anxieuse
  • les personnes souffrant de dépression et de troubles anxieux
  • les personnes ayant des antécédents d’abus sexuels ou de maltraitance

Évolution et complications possibles

L’anxiété et les attaques de panique ne sont pas graves en tant que telles, mais elles peuvent être impressionnantes, voire traumatisantes, pour la personne atteinte et son entourage.

Certaines personnes vont développer ce qu'on appelle une anxiété anticipatoire c'est à dire qu'entre deux crises d'attaque de panique, elles vont vivre dans la crainte de subir de nouveau une attaque de panique. Cette crainte de voir l'attaque de panique réapparaître n'importe où, n'importe quand peut entraîner une baisse importante de la qualité de vie de la personne.

Certains troubles psychiatriques (agoraphobie, dépression) peuvent apparaître secondairement à la répétition des attaques de panique. La crainte d'être envahi par une nouvelle attaque dans un lieux public sans possibilité d'être secouru peut induire de nouvelles peurs comme la peur de sortir, d’être en présence d’inconnus ou de participer à des activités sociales ou professionnelles diverses.

Enfin, chez certaines personnes, la fréquence des crises est très élevée (plusieurs par jour), on parle alors de trouble panique. Le risque de dépression, de pensées suicidaires, de passage à l'acte suicidaire, d’abus de drogues ou d’alcool est accru en cas d’attaques de panique fréquentes2.

Cependant, avec une prise en charge adéquate, il est possible de maîtriser cette angoisse et de réduire la fréquence des crises.

L'opinion de notre médecin

Il est important de consulter rapidement si vous êtes sujet aux attaques de panique. En effet, seul le médecin pourra faire la part des choses entres un épisode d'anxiété aigüe est une pathologie somatique ayant une symptomatologie assez proche. Un traitement pharmacologique (antidépresseurs et anxiolytiques) associés à une psychothérapie permettent de sortir de ce cercle vicieux de l'anxiété. Dans le monde actuel, où le stress est partout, notre organisme tente de s'adapter et nous envoie parfois des signaux de détresse. Pour certains les lombalgies et pour d'autres les attaques de panique. Ces crises aigües d'anxiété sont très éprouvantes physiquement et psychologiquement. N'hésitez pas à en parler et à vous faire accompagner.

Céline Brodar, Psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie 

Les symptômes de la crise d'angoisse

Les principaux symptômes de l'attaque de panique sont à la fois psychiques, physiques et comportementaux.

Souvent, les symptômes surviennent brutalement, atteignent une intensité maximale en quelques minutes et durent en moyenne une demi-heure.

Les troubles physiques 

Ces troubles peuvent varier d'une personne à l'autre et d'une attaque de panique à l'autre. Ces sensations physiques désagréables vont augmenter l'angoisse et les peurs ressenties par la personne créant ainsi un véritable cercle vicieux. 

Dans tous les cas, il faut consulter son médecin qui est le seul à pouvoir distinguer ces troubles d'une affection somatique (asthme, troubles cardiaques, etc) qui peut comporter des symptômes anxieux.

Les principaux symptômes physiques sont :

  • des palpitations cardiaques
  • une augmentation du rythme cardiaque (tachycardie)
  • une gêne respiratoire avec une sensation d'étouffement
  • des douleurs ou une gêne dans la poitrine
  • des tremblements ou secousses musculaires
  • des malaises, étourdissements, vertiges
  • des démangeaisons
  • une vision floue
  • des sifflements ou bourdonnements dans les oreilles (acouphènes)
  • des douleurs dans le bas ventre
  • des nausées, des vomissements, des diarrhées
  • des sueurs, des frissons, des bouffées de chaleur

Les troubles psychiques

Les troubles psychiques sont dominées par des pensées catastrophiques nourries par les symptômes physiques et la sensation de perte de contrôle ressentie par la personne. Parmi les peurs les plus fréquentes accompagnant l'attaque de panique, on peut citer : 

  • la peur de s'étouffer
  • la peur de s'évanouir
  • la peur d'avoir un malaise cardiaque
  • la peur de devenir fou
  • la peur de mourir

Afin de lutter contre ces peurs, la personne va adopter des comportements différents. Certaines personnes vont fuir rapidement le lieu dans lequel elles se trouvent en tentant de dissimuler l'expérience éprouvante qu'elles sont en train de vivre. D'autres seront comme sidérées, incapables de bouger.

Dans les formes les plus sévères d'attaque de panique, les personnes peuvent avoir des impressions de dépersonnalisation et/ou de déréalisation.

Déroulement d'une crise

Le début de la crise est souvent précédé d’une période où le degré d’anxiété augmente progressivement. Arrive alors le moment où la crise d'attaque de panique atteint son apogée et où les symptômes physiques et psychiques sont les plus intenses. La crise peut durer de quelques minutes à quelques heures (durée moyenne 30 minutes) durant lesquelles les symptômes régressent progressivement laissant place à une fatigue physique et psychique.

La fréquence des attaques de panique varie de 1 ou 2 seulement dans toute la vie à plusieurs par jour et s'inscrivent alors dans un trouble panique voire un trouble d'anxiété généralisée(TAG).

Les facteurs de risque de crise d'angoisse

Plusieurs facteurs peuvent déclencher une attaque de panique. Ceux-ci varient énormément d’une personne à l’autre, et dans de nombreux cas il n’y a pas de facteur déclenchant clairement identifié même si plusieurs études ont montré l'influence d'événements traumatisants vécus durant l'enfance, notamment en lien avec l'angoisse de séparation (peur de se séparer de ses parents)

Parmi les facteurs fréquemment retrouvés, on peut citer :

  • un contexte de difficultés relationnelles (divorce, licenciement…)
  • un deuil ou une maladie
  • la consommation d'alcool, de cannabis ou de drogues (LSD, amphétamines...)
  • certaines situations anxiogènes, comme les transports en commun, l’avion, la foule…
  • la prise ou l’arrêt brutal de certains médicaments, en particulier certains antidépresseurs.

Prévenir et calmer une crise d'angoisse

Peut-on prévenir ? 

Il n’y a pas de méthode vraiment efficace pour prévenir les crises d’angoisse, d’autant qu’elles surviennent généralement de façon imprévisible.

Cependant, une prise en charge appropriée, tant pharmacologique que non pharmacologique, peut permettre d’apprendre à gérer son stress et d’éviter que les crises ne deviennent trop fréquentes ou trop invalidantes. Il est donc important de consulter un médecin rapidement pour enrayer le cercle vicieux le plus tôt possible.

Mesures préventives de base

Pour réduire le risque de faire des crises d’angoisse, les mesures suivantes, qui relèvent surtout du bons sens, sont très utiles :

- Bien suivre son traitement, et ne pas interrompre les médicaments sans avis médical ;

Éviter de consommer des substances excitantes, de l’alcool ou de la drogue, qui peuvent déclencher  les crises ; 

Apprendre à gérer son stress pour limiter les facteurs déclenchants ou interrompre la crise lorsqu’elle débute (relaxation, yoga, sports, techniques de méditation…) ; 

- Adopter une saine hygiène de vie : bonne alimentation, activité physique régulière, sommeil réparateur…

- Trouver du soutien auprès de thérapeutes (psychiatre, psychologue) et d'associations de personnes souffrant des mêmes troubles anxieux, pour se sentir moins seul(e) et bénéficier de conseils pertinents.

Il peut être difficile de venir à bout des attaques de panique, mais il existe des traitements et des thérapies efficaces. Il faut parfois en essayer plusieurs ou les combiner, mais la grande majorité des personnes réussissent à réduire voire éliminer leurs crises d'anxiété aigües grâce à ces mesures.

Thérapies

L’efficacité de la psychothérapie pour traiter les troubles anxieux est bien établie. C’est même le traitement à privilégier dans de nombreux cas, avant de devoir recourir aux médicaments.

Pour traiter les crises d’angoisse, la thérapie de choix est la thérapie cognitive et comportementale, ou TCC. Toutefois, Il peut être intéressant d'y associer un autre type de psychothérapies (thérapie analytique, systémique, etc) afin d'éviter que les symptômes ne se déplacent pour réapparaître sous d'autres formes. 

En pratique, les TCC se déroulent généralement sur 10 à 25 séances espacées d’une semaine, en individuel ou en groupe.

Les séances de thérapie ont pour but d’informer sur l’état de panique et de modifier petit à petit les « fausses croyances », les erreurs d’interprétation et les comportements négatifs qui y sont associés, afin de les remplacer par des connaissances plus rationnelles et réalistes.

Plusieurs techniques permettent d’apprendre à enrayer les crises, et à se calmer lorsqu’on sent l’anxiété monter. Des exercices simples doivent être effectués d’une semaine à l’autre pour pouvoir progresser. Précisons que les TCC sont utiles pour réduire les symptômes mais leur objectif n'est pas de définir l'origine, la cause de l'émergence de ces crises de panique. 

Dans les autres méthodes, l'affirmation de soi peut être efficace pour améliorer le contrôle des émotions et développer de nouveaux comportements adaptés pour réagir aux situations jugées comme angoissante.

La psychothérapie analytique (psychanalyse) peut-être intéressante lorsqu'il y existe des éléments conflictuels sous-jacents liés à l'évolution psycho-affective de la personne.

Médicaments

Parmi les traitements pharmacologiques, plusieurs classes de médicaments ont fait leur preuve pour réduire la fréquence des crises d’angoisse aiguës.

Les antidépresseurs sont les traitements de premier choix, suivis des anxiolytiques (Xanax®) qui présentent toutefois plus de risque de dépendance et d’effets secondaires. Ces dernières sont donc réservées au traitement de la crise, quand elle se prolonge et qu’un traitement est nécessaire.

En France, les deux types d’antidépresseurs recommandés5 pour traiter les troubles paniques sur le long terme sont :

  • les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) dont le principe est d'augmenter la quantité de sérotonine dans les synapses (jonction entre deux neurones) en empêchant la recapture de cette dernière. On recommande en particulier la paroxétine (Deroxat® / Paxil®), l’escitalopram (Seroplex® / Lexapro®) et le citalopram (Seropram® / Celexa®)
  • les antidépresseurs tricycliques comme la clomipramine (Anafranil®).

Références

Dans certains cas, la venlafaxine (Effexor®)  peut aussi être prescrite.

Le traitement antidépresseur est d’abord prescrit pour 12 semaines, puis une évaluation est faite pour décider de la poursuite du traitement ou de sa modification.

Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée. 

Bibliographie

Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Condition – Pannic attacks and panic disorder, MayoClinic.com. [Consulté le 10 août 2012]. www.mayoclinic.com

Natural Standard (Ed). Natural Standard. Anxiety Disorder. Nature Medicine Quality Standards. [Consulté le 10 août 2012]. www.naturalstandard.com

eMedicine.com (Ed). Panic disorder, eMedicine. M.A. Memon [Consulté le 10 août 2012]. http://emedicine.medscape.com/

UpToDate Inc. Panic disorder: Epidemiology, clinical manifestations, and diagnosis [Consulté le 10 août 2012]. www.uptodate.com

Attaque de panique et syndrome d’hyperventilation. M.Ferreri, P. Morand. Revue Française d’allergologie et d’immunologie clinique, 1995, 35,6.

Notes

1. Respiratory manifestations of panic disorder: causes, consequences and therapeutic implications. Sardinha A, Freire RC, Zin WA, Nardi AE. J Bras Pneumol. 2009 Jul;35(7):698-708. Review.

2.Panic disorder in emergency department chest pain patients: prevalence, comorbidity, suicidal ideation, and physician recognition. Fleet RP, Dupuis G, Marchand A, et al. Am J Med. Oct 1996;101(4):371-80.

3. Personnality disorders in patients with panic disorder:association with childhood anxiety disorders, early trauma, comorbidity and chronicity. Pollack MH, Otto MW, Rosenbaum JF, Sachs GS. Compr Psychiatry 1992;33(2):78-83

4. Cognitive behavioral therapy in anxiety disorders: current state of the evidence.

Otte C. Dialogues Clin Neurosci. 2011;13(4):413-21.

5. Haute Autorité de Santé. ALD n° 23 - Guide médecin sur les troubles anxieux graves. 2007. http://www.has-sante.fr/

6. Panic disorder. Kumar S, Malone D. Clin Evid (Online). 2008 Dec 16;2008. pii: 1010.

7. Effectiveness of complementary and self-help treatments for anxiety disorders. Jorm AF, Christensen H, et al. Med J Aust. 2004 Oct 4;181(7 Suppl):S29-46. Review.

8. Herbal and dietary supplements for treatment of anxiety disorders. Saeed SA, Bloch RM, Antonacci DJ. Am Fam Physician. 2007 Aug 15;76(4):549-56. Review.

9 .The Epidemiology of Panic Attacks, Panic Disorder, and Agoraphobia in the National Comorbidity Survey Replication. Kessler, R. C., Chiu, W. T., Jin, R., Ruscio, A M., Shear, K., & Walters, E. E. (2006) Archive ofGeneral Psychiatry, 63,415-424.