Tests sérologiques du CoVid-19 : quelle utilité ?
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Contrairement aux tests virologiques, les tests sérologiques du CoVid-19 ne permettent pas de savoir si l’on est infecté sur le moment mais si l’on a déjà été en contact avec le coronavirus. Quel intérêt ? Qui doit y avoir recours ? Toutes les réponses.

Tests sérologiques du CoVid-19 : quelle utilité ?

Tests sérologiques du CoVid-19 : qu’est-ce que c’est ?

Les tests sérologiques, ou prises de sang, ne permettent pas de détecter la présence du coronavirus dans l'organisme, mais plutôt celle d'anticorps au virus, c'est-à-dire que les patients peuvent savoir s'ils ont déjà été en contact avec le virus. Ils sont réalisés en laboratoire, sur prescription médicale. L'obtention des résultats est plus ou moins rapide, certaines entreprises ayant développé des kits permettant de prélever une goutte de sang au bout du doigt et ainsi de connaître son statut immunitaire en l'espace de quelques minutes seulement.

Le gouvernement misait au départ sur ces tests pour mieux cerner la circulation du virus sur le territoire et laisser sortir plus facilement les personnes présentant des anticorps car considérées comme immunisées et donc protégées d'une seconde infection. Mais dans un rapport paru le 2 mai, la Haute Autorité de Santé (HAS) explique que l’on ne sait pas à l’heure actuelle si contamination est véritablement synonyme d’immunisation, et si la présence d’anticorps joue un rôle dans cette dernière : “Il n’y a pas suffisamment de recul pour apprécier la réponse immunitaire des patients infectés. [...] La présence des anticorps détectée par les tests disponibles actuellement ne permet pas de déterminer leur activité neutralisante”.

Quelle(s) utilité(s) ?

Alors, quelle est l’utilité des tests sérologiques ? D’abord, la HAS estime qu’ils sont un “outil précieux” de surveillance épidémiologique. “En période d’épidémie de COVID-19, ces enquêtes estiment la proportion de personnes ayant été en contact avec le virus et d’évaluer si certaines sous-populations jouent un rôle particulier dans la transmission du SARS-CoV-2. Ces études peuvent également apporter des connaissances sur le virus lui-même et sur les réponses immunitaires qu’il déclenche : la quantité d’anticorps neutralisants susceptible de contribuer à la protection, ainsi que leur persistance dans le temps. ” Enfin, ces données servent à “alimenter des modèles mathématiques dont un des objectifs est d’anticiper la trajectoire de l’épidémie dans les semaines qui viennent. Elles guident les pouvoirs publics dans ses décisions pour gérer l’épidémie. ” 

Deuxième intérêt : celui de constituer un outil complémentaire aux tests PCR (ou tests virologiques). “Les tests virologiques sont les tests de référence pour le diagnostic précoce d’infection au COVID-19. Les tests sérologiques ne s’y substituent pas. [...] En revanche il est possible d’y recourir en complément, à partir du 7ème jour ou 14ème après l’apparition des symptômes, notamment pour servir de ‘rattrapage’ si un test virologique n’a pas pu être réalisé avant, ou pour poser le diagnostic chez des patients présentant des signes évocateurs de COVID-19, mais dont le test virologique est négatif. ” 

 

Tests sérologiques vs tests PCR : quelle différence ?

La HAS explique que "les tests sérologiques, en complément de la RT-PCR, peuvent permettre de répondre à la question 'suis-je ou ai-je été malade du COVID-19 ?'. En revanche, les tests sérologiques ne permettent pas de répondre à la question 'Suis-je contagieux ?'. Enfin, ils ne permettent pas encore de répondre à la question 'Suis-je protégé contre le COVID-19 ?'. "

Quelles indications ?

En “tenant compte de l’état actuel des connaissances”, la HAS estime qu’ “un dépistage systématique de toute la population est pour l’instant non pertinent” et a ainsi identifié sept indications pour les tests sérologiques :

  • En diagnostic initial pour les patients symptomatiques graves hospitalisés, dont la RT-PCR est négative mais chez qui les symptômes cliniques ou le scanner sont évocateurs d’un COVID-19. 
  • En diagnostic de rattrapage de patients symptomatiques graves hospitalisés mais qui n’ont pas eu un test RT-PCR dans les sept premiers jours. 
  • En diagnostic initial de patients symptomatiques sans signes de gravité suivis en ambulatoire dont le test RT-PCR est négatif mais dont le tableau clinique est évocateur. 
  • En diagnostic de rattrapage de patients symptomatiques sans signes de gravité suivis en ambulatoire mais chez qui un test RT-PCR n’a pu être réalisé avant 7 jours. 
  • En diagnostic différé des patients symptomatiques sans signes de gravité diagnostiqués cliniquement mais n’ayant pas fait l’objet d’une RT-PCR et ce depuis la mise en place de la phase 2 (à partir du 2 mars 2020). 
  • En détection d’anticorps chez les professionnels soignants non symptomatiques, en complément du dépistage et de la détection de personne-contact par RT-PCR selon les recommandations en vigueur, si la RT-PCR est négative. 
  • En détection d’anticorps chez les personnels d’hébergement collectif (établissements sociaux et médico sociaux, prisons, casernes, résidences universitaires, internats, …) non symptomatiques en complément du dépistage et de la détection de personne-contact par RT-PCR selon les recommandations en vigueur, si la RT-PCR est négative.  

Les risques d’un mésusage

La HAS justifie ses recommandations en insistant sur les conséquences d’un mésusage des tests sérologiques du CoVid-19 : “[Ces] tests pourraient induire en erreur les patients sur leur immunité. Un relâchement sur les mesures barrières et la distanciation sociale pourrait ainsi augmenter le risque d’une nouvelle vague épidémique. Ce qu’il faut à tout prix éviter. ” 

En fonction de l’avancée des connaissances sur le coronavirus, ces indications sont “susceptibles d’évoluer”, précise la HAS.

Sources :

Portail du gouvernement sur le coronavirus ( accessible en ligne).

Premières indications pour les tests sérologiques du COVID-19. Communiqué de presse de la HAS. 2 mai 2020 ( accessible en ligne).

Place des tests sérologiques dans la stratégie de prise en charge de la maladie COVID-19. HAS. 2 mai 2020 ( accessible en ligne).