5 fausses bonnes idées pour lutter contre le coronavirus
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Pour se prémunir du SARS-CoV-2, de nombreuses idées circulent, notamment via les réseaux sociaux. Certaines sont efficaces et utiles face à l'épidémie de Covid-19. D'autres moins... Le point.

5 fausses bonnes idées pour lutter contre le coronavirus

Depuis le début de la diffusion du coronavirus SARS-CoV-2 à travers le monde, de nombreuses informations circulent sur les pratiques à mettre en oeuvre pour tenter de s'en prémunir. Faut-il toutes les appliquer ? Le point pour s'y retrouver.

Utiliser en abondance du gel hydro-alcoolique

Pratiques, ces gels ont des propriétés bactéricides, fongicides et virucides. Ils permettent effectivement d'assainir nos mains après avoir touché d'éventuelles surfaces contaminées. Le virus reste en effet actif 4 à 9 jours sur les surfaces inertes. Attention cependant ! Ils doivent être utilisés uniquement lorsqu'un lavage de mains traditionnel avec de l'eau et du savon n'est pas possible. Sinon, le remède risque d'être pire que le mal à long terme. En cause, plusieurs perturbateurs endocriniens entrant dans la composition de ces produits. Des chercheurs de l'université du Missouri (Etats-Unis) ont ainsi mis en garde dès fin 2014 dans la revue Plos One sur le bisphénol A qu'ils contiennent et qui peuvent entraîner des dérèglements hormonaux en cas d'usage quotidien. Outre le fait d'assécher la peau, l'alcool contenu dans ces gels favorise la pénétration du bisphénol dans l'organisme, avec le risque d'effets néfastes variés à long terme comme favoriser l'apparition de l'obésité ou de cancers. Certains de ces gels peuvent contenir d'autres perturbateurs endocriniens comme le triclosan ou le triclocarban. Il est donc important d'en décrypter la composition. Il faut aussi savoir que si les gels tuent bactéries et virus, ils ne les éliminent pas physiquement, les dépouilles microbiennes demeurant sur les mains. Qui ne sont donc jamais totalement propres...

Conclusion : gel hydro-alcoolique, oui, mais privilégier le lavage à l'eau et au savon.

Porter des masques

C'est la ruée sur les masques de protection depuis plusieurs jours au point que les pharmacies se retrouvent en rupture de stocks et que des réquisitions ont été mises en place. Mais, porter un masque chirurgical "simple" ne protège pas complètement contre la contamination par des virus transmissibles par voie aérienne, comme l'est le coronavirus. En effet, il est efficace pour se prémunir uniquement des pathogènes transmissibles par “gouttelettes“, comme la tuberculose par exemple. En outre, il est efficace 3 heures, après quoi il faut le jeter. Se protéger véritablement des aérosols nécessite le port de masques plus couvrants, FFP2 et FFP3, dits à “bec de canard“, inconfortables et réservés aux professionnels de santé. Plus efficace : se laver les mains fréquemment et éviter de les porter à son visage. Constituer des stocks de ces masques chirurgicaux est d'autant plus décommandé que cela revient à priver de cette protection ceux qui en ont réellement besoin, à savoir le personnel soignant et les malades. En outre, mettre un foulard devant votre nez n'offre qu'une protection psychologique : les virus passent à travers l'étoffe.

Conclusion : porter un masque chirurgical, oui. Uniquement lorsqu'on présente les symptômes, pour protéger les autres.

Se saluer du coude

Ce n'est pas parce qu'on est en temps de crise sanitaire qu'il ne faut pas se dire bonjour. La bise étant exclue et la poignée de main risquée, comment faire ? Les alternatives, plus ou moins ridicules, ont fleuri ces derniers temps, également plus ou moins efficaces. Comme de se saluer en s'entrechoquant les coudes. Une attitude en contradiction avec une sage recommandation de santé publique consistant à éternuer dans l'intérieur de son coude plutôt que dans ses mains. A cette occasion, les éventuels virus se logent dans cette partie de notre anatomie. Par la suite, lorsque nous saluerons ainsi une autre personne, rien n'empêchera les pathogènes de sauter d'un individu à l'autre. Il suffira alors d'un nouvel éternuement que nous expectorerons dans notre coude pour attraper les virus d'autrui...

Conclusion : se saluer du coude, non, c'est un vecteur supplémentaire de propagation

Pousser le chauffage à fond

Si l'on dit que les épidémies grippales s'estompent à l'arrivée des beaux jours, ce n'est pas parce que les virus craignent la chaleur ! La preuve : ils vivent au sein d'organismes proches de 40°C. C'est essentiellement qu'à ces périodes, nos comportements changent : nous sommes moins agglutinés les uns aux autres, sortons plus souvent à l'extérieur et ouvrons plus volontiers les fenêtres de nos logements. Trois facteurs qui freinent voire stoppent les contaminations parce qu'en tant qu'hôtes de ces pathogènes, nous sommes ainsi moins enclins à les héberger et à les transmettre. Monter le chauffage pour vivre dans une habitation surchauffée ne sert donc à rien. Pire ! C'est un facteur aggravant de propagation. En effet, plus un environnement est chaud, plus il se crée des courant de convection dans l'air ambiant, c'est-à-dire des vagues de chaleur entre les radiateurs et les murs. Ces courants sont d'autant plus intenses que la différence de température entre l'extérieur et l'intérieur est grande. Or, pour les virus, ces ondes de convection sont comme des autoroutes qu'ils empruntent pour circuler dans l'environnement. Un virus s'épanouira et transitera ainsi d'autant plus facilement et sur une plus longue distance d'un individu à un autre dans une habitation que celle ci sera excessivement chauffée.

Conclusion : chauffer d'avantage sa maison, non, c'est un vecteur supplémentaire de propagation.

Ne plus sortir de chez soi quand on n'est pas malade

S'il est indispensable à une personne présentant des symptômes de rester confinée chez elle pour éviter de transmettre le virus à autrui, il est inutile de le faire lorsqu'on n'est pas atteint. C'est en effet principalement dans un endroit fermé et confiné que s'attrapent les virus. Car, disons-le, ces pathogènes ne sont pas des oiseaux de proie rodant dans les airs en attente de la prochaine victime sur laquelle fondre... Non, les virus sont hébergés par des hôtes et se transmettent essentiellement d'un individu à un autre par proximité. La contamination via un objet inerte sur lequel persisteraient quelques exemplaires du virus apparait moins avérée que celle provenant directement d'un malade. Notamment parce qu'il y aura beaucoup moins de virus sur cet objet que dans les expectorations d'un tiers. On estime ainsi qu'une toux libère près de 20.000 virus. La contamination par inhalation semble en effet beaucoup plus rare que par contact et il y a donc peu de risque d'être contaminé à moins qu'une personne malade n'éternue près de notre visage. En prenant les précautions de base (se laver régulièrement les mains, ne pas porter ses mains à son visage, éviter les contacts rapprochés...) il n'y a donc aucun obstacle à ce sortir prendre un peu l'air.

Conclusion : se promener, oui, hors des lieux confinés