La névralgie faciale (trijumeau)
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La névralgie faciale (trijumeau)

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 1642

Appelée également "névralgie du trijumeau", la névralgie faciale correspond à l'irritation de l'une des 12 paires de nerfs crâniens qui innervent le visage, le nerf trijumeau, ou nerf numéro 5. Elle se manifeste par de vives douleurs qui touchent un côté du visage. La douleur, semblable à des décharges électriques, survient lors de certaines stimulations aussi banales que de se brosser les dents, boire, mastiquer ses aliments, se raser ou sourire. On sait que 4 à 13 personnes sur 100 000 sont concernées par la névralgie faciale. Autre signe caractéristique de la maladie, l'existence d'une contraction des muscles faciaux liée à la douleur, semblable à une grimace ou à un tic. Raison pour laquelle, la névralgie faciale est parfois qualifiée de « tic douloureux ».

Causes

La névralgie faciale correspond à l'irritation du nerf trijumeau, responsable de l'innervation d'une partie du visage et qui renvoie des messages douloureux vers le cerveau. Plusieurs hypothèses existent sur les causes de cette irritation. Le plus souvent, la névralgie faciale est sans doute liée à un contact entre le nerf trijumeau et un vaisseau sanguin (artère cérébelleuse supérieure surtout). Ce vaisseau exerce une pression sur le nerf et dérègle son fonctionnement normal. Autre hypothèse avancée, l'existence d'une activité électrique intense du nerf trijumeau, à l'instar de l'épilepsie, expliquant l'efficacité des traitements antiépileptiques dans la névralgie faciale. Enfin, la névralgie du trijumeau est parfois secondaire à une autre pathologie dans 20 % des cas, maladie neurodégénérative, sclérose en plaques, tumeur, anévrisme, infection (zona, syphilis..), traumatisme comprimant le nerf. Dans de nombreux cas, aucune cause n'est retrouvée.

Consultation

En l'absence de traitement efficace, La névralgie faciale est un handicap sérieux au quotidien. Lorsqu'elle se prolonge, elle peut mener à la dépression et même, dans certains cas, au suicide.

Quand consulter

N'hésitez pas à consultez votre médecin si vous ressentez des douleurs fréquentes au visage, a fortiori si les médicaments antidouleurs habituels (paracétamol, acide acétylsalicylique…) n’arrivent pas à vous soulager.

Il n’existe aucun test spécifique ou examen complémentaire permettant le diagnostic certain d’une névralgie faciale. C’est grâce à l’aspect très particulier de la douleur que le médecin arrive à poser le diagnostic, même si, les symptômes de la névralgie faciale sont parfois attribués à tort à la mâchoire ou aux dents, entraînant alors des interventions maxillaires ou dentaires inutiles.

Les symptômes, les facteurs de risque et la prévention de la névralgie faciale (trijumeau)

Symptômes 

Au tout début, les crises douloureuses peuvent être modérées et de courte durée (quelques secondes). Au fur et à mesure de son évolution, la maladie progresse, entraînant une exacerbation des douleurs et une augmentation de la durée et de la fréquence des crises. Il n'y a pas de douleur entre chaque crise. Avec le temps, ces périodes de rémission qui peuvent durer plusieurs mois ou années deviennent de plus en plus courtes.

La névralgie faciale se caractérise par :

  • Des salves douloureuses aiguës unilatérales éclair (sur un seul côté du visage), extrêmement intenses, pareilles à des décharges électriques, un broiement ou à un arrachement, qui se manifestent au niveau des lèvres, de la mâchoire, des gencives, desjoues,  du menton et plus rarement au niveau du front.  Les crises peuvent durer de quelques secondes à quelques minutes;
  • Une douleur le plus souvent spontanée, mais qui peut survenir également au contact d’une zone particulière du visage (appelée zone gâchette) (trigger zone) ou lors de certaines circonstances : sourire, parler, se moucher, se raser, se brosser les dents, mastiquer les aliments, fumer, consommer du café ou de l'alcool, ou encore en cas de stress, de courants d'air ou de froid.
  • Une douleur si intense que le patient doit interrompre son activité. Chaque crise douloureuse est suivie d'une période réfractaire de plusieurs minutes pendant lesquelles la zone gâchette reste muette, permettant alors à la personne atteinte de reprendre son activité.
  • Des crises douloureuses à répétition semblables à des décharges électriques, se reproduisant à intervalles rapprochés (une centaine de crises par jour dans les cas les plus graves).
  • La possibilité d'une atteinte bilatérale, touchant alternativement chaque côté du visage. Une situation qui reste rare.
  • Des périodes douloureuses pouvant s’étendre sur des jours, des semaines, des mois, voire des années.

Facteurs de risque

  •  La névralgie du trijumeau est trois fois plus fréquente chez la femme, notamment après l'âge de 50 ans.
  • La sclérose en plaque serait à l'origine de 2 à 3 % des névralgies de la face. La détérioration de la gaine de myéline protégeant les nerfs serait en cause. Il s'agit alors le plus souvent de formes bilatérales concernant plutôt des sujets jeunes.

Prévention

Il n’existe aucun moyen connu pour prévenir l’apparition d’une névralgie faciale.

Les traitements médicaux de la névralgie faciale (trijumeau)

est généralement possible de traiter la douleur avec succès à l’aide de médicaments, d’injections ou d’une intervention chirurgicale.

Médicaments

Les médicaments antidouleur classiques (paracétamol, acide acétylsalicylique…) ni même la morphine (source 3) ne peuvent soulager efficacement la névralgie faciale. On utilise d'autres médicaments beaucoup plus efficaces parmi lesquels :

  • Les anticonvulsivants (antiépileptiques)ayant pour effet de stabiliser la membrane des cellules nerveuses,avec souvent la carbamazépine en première intention (Tegretol®) qui permet de faire disparaître les crises douloureuses ou d'en réduire la fréquence et l'intensité, ou encore la gabapentine (Neurontin®), l’oxcarbazépine (Trileptal®), la prégabaline (Lyrica®), le clonazépam (Rivotril®), la phenytoïne (Dilantin®);la lamotrigine (Lamictal®)
  • Les antispasmodiques, comme le baclofène (Liorésal®) peuvent être également utilisés.
  • Les antidépresseurs (clomipramine ou amitryptiline), les anxiolytiques et lesneuroleptiques (halopéridol) peuvent être utilisés en complément.

Chirurgie

Bien que les traitements médicamenteux soient efficaces dans la majorité des cas, environ 40 % des patients finissent par développer une résistance à long terme. Il faut alors envisager une intervention chirurgicale.

On dispose actuellement de trois techniques différentes :

  • Le gamma-knife (scalpel aux rayons gamma) consistant à irradier le nerf trijumeau à sa jonction avec le cerveau avec des rayons radioactifs qui vont provoquer la destruction partielle des fibres nerveuses. (source 3)
  • Les techniques percutanées qui visant à atteindre directement le nerf ou son ganglion à l’aide d’une aiguille introduite dans la peau et ce, sous un contrôle radiologique ou stéréotaxique strict. Trois techniques sont possibles :
    1. La thermocoagulation (destruction sélective du ganglion de Gasser par la chaleur) qui permet de supprimer les douleurs tout en conservant la sensibilité tactile de la face. C'est la méthode percutanée la plus efficace.
    2. La destruction chimique (injection de glycérol)
    3. La compression du ganglion de Gasser par un ballonnet gonflable.
  • La décompression microvasculaire par abord direct du trijumeau qui consiste à pratiquer une ouverture dans le crâne, derrière l'oreille, à la recherche du vaisseau sanguin responsable de la compression. Il s'agit donc d'une intervention délicate et invasive.

Ces interventions neurochirurgicales peuvent entraîner certaines complications, comme la perte de sensibilité du visage par exemple. Chez certaines personnes atteintes de névralgie du trijumeau, la douleur peut revenir au bout de quelques années. Le choix du traitement dépend de l'âge, de l'état du patient, de l'intensité de la névralgie (de la tolérance à la douleur et au spasmes de la personne atteinte), de son origine ou de son ancienneté. D'une façon générale, la chirurgie n'est envisagée qu'en dernier recours.

L’opinion de notre médecin

La névralgie du trijumeau est un syndrome que l'on diagnostique cliniquement.

La grande majorité du temps, elle est de cause inconnue ou secondaire à un vaisseau sanguin qui comprime le nerf trijumeau. Le traitement initial recommandé est la prise d'un médicament. La carbamazépine (Tegretol®) est le médicament qui a été le plus étudié dans ce syndrome et il a prouvé son efficacité. Toutefois, s'il est mal toléré ou ne vous donne pas les résultats escomptés, ne vous découragez pas, il existe plusieurs autres médicaments pouvant lui être substitués ou combinés. N'hésitez pas à discuter des différentes solutions avec votre médecin. Votre opinion et votre collaboration au choix du traitement sont très importantes et auront certainement un rôle à jouer dans le succès du traitement.

Chez un petit pourcentage de personnes, la névralgie est causée par une lésion structurelle telle qu'une tumeur, la sclérose en plaques ou un anévrisme. Si vous présentez une perte de sensibilité du visage, des symptômes des deux côtés du visage ou si vous êtes âgé de moins de 40 ans, vous êtes plus à risque de faire partie de cette catégorie. Votre médecin fera alors prendre des images de votre cerveau (résonance magnétique), car s'il découvre l'une de ces lésions, un traitement spécifique sera ajouté à celui des médicaments antidouleur mentionnés plus haut.

De nos jours, il existe donc de multiples options efficaces pour le traitement de la névralgie du trijumeau. Il faut donc garder une attitude positive en attendant de trouver, avec votre médecin, la « recette » qui vous soulage le mieux!

Dre Marie-Claude Savage, CHUQ, Québec

Références

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Bibliographie

Ask DrWeil, Polaris Health (Ed). Health Conditions (ou Q & A Library) - Pain in the Face?,DrWeil.com. [Consulté le 18 mars 2009] www.drweil.com.
Association québécoise de la névralgie du trijumeau. Une douleur insupportable, une affection non fatale, qu’il faut démystifierAqnt.org. [Consulté le 17 mars 2009] www.aqnt.org.
Association médicale canadienne (Ed). Grand public, Maladies - Névralgie essentielle du trijumeau, Amc.ca. [Consulté le 17 mars 2009] www.cma.ca.
Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Conditions - Trigeminal neuralgia, MayoClinic.com. [Consulté le 17 mars 2009] www.mayoclinic.com.
Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, 2006.
UpToDate. For patients, Trigeminal neuralgia [Consulté le 17 mars 2009] www.uptodate.com.
Haute Autorité de Santé : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-12/rapport_tome_v_radiotherapie__nevralgie_du_trijumeau.pdf
Campus de neurochirurgie : http://campus.neurochirurgie.fr/spip.php?article412