Dois-je me faire vacciner, la grippe (H1N1)
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Dois-je me faire vacciner, la grippe (H1N1)

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 479

Au-delà des polémiques entourant le vaccin contre la grippe A (H1N1), voici des réponses aux questions posées relativement à la campagne de vaccination massive en cours.

1. Dois-je me faire vacciner?

Au Québec, le vaccin est offert à tous, mais il n’est pas obligatoire. Les instances gouvernementales ont pris cette décision parce qu’elles estiment nécessaires d’immuniser rapidement le plus grand nombre possible de personnes afin de limiter les risques de mutation du virus sous une forme plus virulente que celle que l’on connaît présentement. Selon les experts, les risques de mutation seraient plus importants en situation pandémique. Pour le moment, la souche 2009 du virus de la grippe A (H1N1) provoque généralement une grippe plutôt bénigne. Même si les autorités publiques incitent la population à se faire vacciner, elles reconnaissent qu’il s’agit d’un choix personnel.

2. Qui recevra le vaccin en priorité?

La vaccination n’est pas proposée à tous en même temps. Le programme d’immunisation massive des autorités québécoises cible plusieurs catégories de personnes en fonction de divers critères liés aux risques encourus. La séquence de vaccination pourra également être modifiée suivant l’évolution de la pandémie.

Les autorités québécoises de santé publique ont déterminé les groupes qui recevront le vaccin en priorité, comme suit :

  • 1. Les personnes de moins de 65 ans atteintes de maladies chroniques.
  • 2. Les femmes enceintes.
  • 3. Les enfants de 6 mois à moins de 5 ans.
  • 4. Les personnes qui résident dans des localités ou des communautés éloignées et isolées.
  • 5. Les travailleurs de la santé.
  • 6. Les personnes qui résident avec des personnes à risque élevé qui ne peuvent pas être immunisées ou qui pourraient ne pas bien répondre au vaccin, ainsi que les personnes qui leur prodiguent des soins.

Après cette première vague de vaccination, le vaccin sera offert aux groupes suivants :

  • 1. Les enfants et les adolescents âgés de 5 ans à 18 ans (inclusivement).
  • 2. Les premiers intervenants (policiers, pompiers).
  • 3. Les ouvriers de l’industrie avicole et porcine.
  • 4. Les adultes âgés de 19 ans à 64 ans (inclusivement).
  • 5. Les adultes de 65 ans et plus.

3. Quelles sont les maladies chroniques prises en considération pour la vaccination? La fibromyalgie est-elle considérée comme une maladie chronique? Les maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaques, en font-elles partie?

Les autorités de santé publique du Québec considèrent que les maladies ci-dessous font augmenter les risques de complications en cas de grippe :

  • les troubles cardiaques ou pulmonaires chroniques (dont la dysplasie bronchopulmonaire, la fibrose kystique et l’asthme) suffisamment graves pour nécessiter un suivi médical régulier ou des soins hospitaliers;
  • les maladies chroniques, comme le diabète ou d’autres troubles métaboliques, des troubles hépatiques (y compris la cirrhose), rénaux, hématologiques (dont la splénectomie, l’anémie ou l’hémoglobinopathie), un cancer, un déficit immunitaire ou une immunosuppression (infection par le VIH compris);
  • les conditions médicales pouvant compromettre l’évacuation des sécrétions respiratoires et augmentant les risques d’aspiration (par exemple, un trouble cognitif, une lésion médullaire, un trouble convulsif, des troubles neuromusculaires).

Selon le Dr Philippe de Wals, médecin conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et expert dans le domaine des virus grippaux, « la fibromyalgie et la sclérose en plaques sont bien des maladies chroniques, mais on n’a jamais constaté qu’elles rendaient les patients qui en souffrent plus à risque de complications en cas de grippe. Dans le cas de la sclérose en plaques, il est vrai que le vaccin pourrait provoquer une poussée, mais c’est encore plus vrai pour la grippe qui soumet l’organisme à une charge virale autrement plus importante que la vaccination. »

4. Pourquoi les personnes de 65 ans et plus ne font-elles pas partie du premier groupe de personnes à être vaccinées?

Il semble que les personnes de ce groupe d’âge puissent être moins infectées par la souche 2009 de A (H1N1). On pense que nombre d’entre elles possèdent une immunité naturelle, probablement parce qu’elles ont été victime d’une épidémie grippale apparentée à celle que nous connaissons aujourd’hui. On croit notamment à l’épidémie de grippe asiatique survenue en 1957-1958. Par conséquent, il est possible que ces personnes, qui sont aujourd’hui âgées de 55 ans et plus, soient naturellement immunisées. Ce qui expliquerait aussi pourquoi le virus touche davantage les individus plus jeunes.

5. Les adolescents ne devraient-ils pas faire partie des premiers groupes à se faire vacciner?

Le calendrier de vaccination indique que le vaccin pandémique sera offert aux adolescents en bonne santé vers la troisième ou la quatrième semaine de novembre.

Au cours des semaines précédentes, on donne la priorité aux groupes qui sont le plus à risque, selon l’évaluation des experts : les enfants de 6 mois à 5 ans, les personnes qui résident avec des enfants de moins de 6 mois ou avec des personnes immunosupprimées (afin de protéger les nourrissons et les personnes dont le système immunitaire est supprimé, qui ne peuvent être vaccinées), les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies chroniques.

6. Que contient le vaccin?

Outre les antigènes de la souche 2009 de la grippe A (H1N1), le vaccin comprend également un adjuvant et un agent de conservation.

L’adjuvant se nomme AS03 et a été développé par la compagnie GSK, dans le cadre de la production du vaccin contre le virus de la grippe H5N1. Cet adjuvant de type « huile dans l’eau » est composé :

  • de tocophérol (vitamine E), une vitamine essentielle au bon fonctionnement de l’organisme;
  • de squalène, un lipide produit naturellement dans l’organisme. Il est un intermédiaire essentiel dans la fabrication du cholestérol et de la vitamine D.
  • de polysorbate 80, un produit présent dans de nombreux vaccins et médicaments afin d’en conserver l’homogénéité.

L’adjuvant permet de réaliser des économies substantielles quant à la quantité d’antigène utilisée, ce qui facilite l’immunisation d’un grand nombre d’individus dans les meilleurs délais. L’utilisation d’un adjuvant peut également procurer une protection croisée contre la mutation de l’antigène viral.

Les adjuvants ne sont pas nouveaux. On les utilise depuis plusieurs décennies pour stimuler la réaction immunitaire aux vaccins, mais l’usage d’adjuvants avec des vaccins contre la grippe n’a pas été approuvé antérieurement au Canada. Il s’agit donc d’une première dans ce cas.

Le vaccin contient aussi un agent de conservation à base de mercure appelé thimérosal (ou thiomersal), qui sert à prévenir la contamination du vaccin par des agents infectieux provenant de la prolifération bactérienne. Le vaccin commun contre la grippe saisonnière et la plupart des vaccins contre l’hépatite B renferment cette substance stabilisatrice.

7. Le vaccin avec adjuvant est-il sécuritaire pour les femmes enceintes et les jeunes enfants?

On ne dispose d’aucune donnée sérieuse sur l’innocuité du vaccin avec adjuvant chez les femmes enceintes et les jeunes enfants (de 6 mois à 2 ans). Néanmoins, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que l’administration de ce vaccin est préférable à l’absence de vaccination, puisque ces deux groupes sont particulièrement sensibles aux complications en cas de contamination.

Les autorités québécoises ont choisi d’offrir aux femmes enceintes un vaccin sans adjuvant, par mesure de précaution. La faible quantité de doses de vaccins sans adjuvant qui est actuellement disponible ne permet cependant pas d’offrir ce choix à toutes les futures mères. Il est donc inutile d’en faire la demande, même pour les jeunes enfants. Selon les experts canadiens, qui se réfèrent à des essais cliniques préliminaires, rien ne permet de croire que le vaccin avec adjuvant déclenchera des effets secondaires - autres qu’un risque plus élevé de fièvre - chez les enfants âgés de 6 mois à 3 ans.

8. Sait-on si le vaccin sans adjuvant est sans risque pour le foetus (pas de risque de fausse-couche, de malformation, etc.)?

Le vaccin sans adjuvant, que l’on recommande généralement aux femmes enceintes, contient 10 fois plus de thimérosal que le vaccin avec adjuvant, mais selon les données scientifiques les plus récentes, rien n’indique que les femmes ayant reçu ce vaccin aient fait une fausse-couche ou donné naissance à un enfant malformé. Le Dr de Wals, de l’INSPQ, fait remarquer que « le vaccin sans adjuvant ne renferme tout de même que 50 µg de thimérosal, ce qui procure moins de mercure que ce que l’on peut consommer lors d’un repas de poisson ».

9. Existe-t-il des risques d’effets indésirables?

Les effets secondaires associés à un vaccin antigrippal sont généralement exceptionnels et ils se limitent à une douleur bénigne à l’endroit où l’aiguille a pénétré dans la peau du bras, à une légère fièvre ou de légères douleurs au cours de la journée ou les deux jours suivant la vaccination. L’administration d’acétaminophène (paracétamol) contribuera à réduire ces symptômes.

Dans de rares cas, une personne peut avoir les yeux rouges ou qui démangent, tousser et présenter une légère enflure du visage dans les quelques heures qui suivent l’injection du vaccin. Généralement, ces effets disparaissent au bout de 48 heures.

Pour le vaccin pandémique A (H1N1) 2009, les essais cliniques en cours au Canada ne sont pas terminés au moment où commence la campagne d’immunisation massive, mais les autorités de la santé estiment que les risques d’effets indésirables sont minimes. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, on n’aurait observé jusqu’à présent que quelques cas d’effets indésirables mineurs dans les pays où le vaccin a déjà été administré de façon massive. En Chine, par exemple, 4 des 39 000 personnes vaccinées auraient ressenti de tels effets.

10. Le vaccin est-il dangereux pour les personnes allergiques aux oeufs ou à la pénicilline?

Les personnes qui souffrent déjà d’allergie grave aux oeufs (choc anaphylactique) devraient consulter un allergologue ou leur médecin de famille avant d’être vaccinées.

L’allergie à la pénicilline ne constitue pas une contre-indication. Par contre, les personnes qui ont déjà eu des réactions anaphylactiques à la néomycine ou au sulfate de polymyxine B (antibiotiques) ne devraient pas recevoir le vaccin sans adjuvant (Panvax), puisqu’il peut en contenir des traces.

11. Le mercure contenu dans le vaccin représente-t-il un danger pour la santé?

Le thimérosal (agent de conservation du vaccin) est effectivement un dérivé du mercure. Contrairement au méthylmercure - qui se trouve dans l’environnement et qui peut provoquer de sévères lésions cérébrales et nerveuses, s’il est ingéré en grande quantité -, le thimérosal serait métabolisé en un produit appelé éthylmercure, qui serait rapidement évacué par l’organisme. Les experts estiment que son utilisation est sûre et ne représente pas de danger pour la santé. Les allégations voulant que le mercure contenu dans les vaccins puisse être associé à l’autisme sont contredites par les résultats de plusieurs études.

12. On dit qu’il s’agit d’un vaccin expérimental. Qu’en est-il de son innocuité?

Le vaccin pandémique a été préparé selon les mêmes méthodes que tous les vaccins antigrippaux approuvés et administrés au cours des dernières années. La seule différence réside dans la présence de l’adjuvant, qui était nécessaire pour produire une telle quantité de doses à un prix acceptable. Cet adjuvant n’est pas nouveau. On l’emploie depuis des années pour stimuler la réaction immunitaire aux vaccins, mais son ajout aux vaccins contre la grippe n’avait pas été approuvé au préalable au Canada. C’est chose faite depuis le 21 octobre dernier. Santé Canada assure n’avoir en rien raccourci le processus d’approbation.

13. Devrais-je me faire vacciner si j’ai déjà été infecté par la grippe?

Si vous avez déjà été victime de la souche 2009 du virus A (H1N1), vous disposez d’une immunité comparable à celle que devrait procurer le vaccin. Le seul moyen de vous assurer que c’est bien cette souche du virus grippal que vous avez contractée, c’est d’obtenir un diagnostic médical à cet effet. Or, depuis la confirmation que cette grippe était pandémique, l’OMS a recommandé de ne plus détecter systématiquement la souche 2009 de A (H1N1). De ce fait, la majorité des personnes atteintes par la grippe ne savent pas si elles ont été infectées par le virus A (H1N1) ou par un autre virus grippal. Les autorités médicales estiment qu’il n’y a aucun danger à recevoir le vaccin, même si on a déjà été infecté par le virus pandémique.

14. Dois-je payer pour recevoir le vaccin?

Non, le vaccin est gratuit pour l’ensemble de la population canadienne et, au Québec, il n’est pas offert en clinique privée.

15. Qu’en est-il du vaccin contre la grippe saisonnière?

Étant donné la prépondérance de la grippe A (H1N1) depuis quelques mois, la vaccination contre la grippe saisonnière, prévue à l’automne 2009, est reportée au mois de janvier 2010, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public. Ce report vise à donner la priorité à la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1), et permet aux autorités de la santé d’adapter leur stratégie contre la grippe saisonnière aux observations à venir.

16. Quel est le pourcentage de personnes atteintes de la grippe A (H1N1) qui en meurent, comparé à la mortalité attribuable à la grippe saisonnière?

Au Canada, entre 4 000 et 8 000 personnes décèdent chaque année de la grippe saisonnière. Au Québec, on dénombre environ 1 500 décès par an. On estime qu’environ 0,1 % des personnes qui contractent la grippe saisonnière en meurent.

Actuellement, les experts estiment que la virulence du virus A (H1N1) est comparable à celle de la grippe saisonnière, c’est-à-dire que le taux de mortalité qui lui est attribuable se situerait aux alentours de 0,1 %.

17. Pourquoi le Canada a-t-il commandé 50 millions de doses du vaccin pandémique, sachant que nous ne sommes que 34 millions de Canadiens?

Au début de la crise, les experts des compagnies pharmaceutiques croyaient que deux doses du vaccin seraient nécessaires pour procurer une protection adéquate. Puisqu’il fallait compter au moins six mois pour fabriquer le vaccin, les autorités ont donc immédiatement commandé 50 millions de doses, ce qui représente 75 % de la population canadienne. Depuis, on a constaté, à l’usage, qu’une seule dose procurait une immunité suffisante. Il devrait donc y avoir suffisamment de vaccin pour tous les Canadiens. En cas d’excédent, les doses seront offertes à des pays en voie de développement qui pourraient en manquer.

18. Est-ce qu’un enfant qui n’a jamais été vacciné a plus de risque de contracter le syndrome de Guillain-Barré, à cause de l’adjuvant, qu’un enfant déjà vacciné?

Les vaccins contre la grippe porcine utilisés aux États-Unis en 1976 ont été associés à un risque faible (environ 1 cas par 100 000 vaccinations), mais significatif, d’apparition du syndrome de Guillain-Barré (SGB - trouble neurologique, probablement d’origine auto-immunitaire) dans les 8 semaines suivant leur administration. Ces vaccins n’avaient pas d’adjuvant. On ne connaît toujours pas les causes sous-jacentes de cette association. Des études portant sur d’autres vaccins grippaux administrés depuis 1976 n’ont établi aucun lien avec le SGB ou, dans de rares cas, un très faible risque d’environ 1 cas par 1 million de vaccinations. Les autorités médicales québécoises estiment que le risque n’est pas plus élevé pour les enfants qui n’ont jamais été vaccinés.

Le Dr de Wals souligne que ce syndrome est très rare chez les enfants. « Il touche plutôt les personnes plus âgées. À ma connaissance, il n’existe aucune raison de croire que les enfants qui n’ont jamais été vaccinés courraient davantage de risques que les autres. »

Texte créé le 13 octobre 2009
Mis à jour le 23 décembre 2009