Covid-19 et cancer : risques, maintien des traitements et dépistage
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Plus fragiles que les autres, les patients atteints de cancer se font beaucoup de soucis depuis le début de l’épidémie Covid-19. Suis-je plus à risque ? Les symptômes sont-ils différents ? Dois-je continuer mes traitements ? Le point.

Covid-19 et cancer : risques, maintien des traitements et dépistage

En cette période de pandémie Covid-19, les personnes au système immunitaire fragile sont particulièrement à risque de contamination et de complications. C’est le cas notamment des patients atteints de cancers pour qui le danger de complications respiratoires graves est 4 à 5 fois plus important que les autres, a tenu à rappeler l’Institut national du cancer.

 

Covid19 : des symptômes différents en cas de cancer ? 

Selon les professionnels, " les principaux symptômes du COVID-19 en cas de cancer sont, en général, les mêmes que ceux de la population générale, à savoir fièvre ou sensation de fièvre, fatigue anormale, difficultés pour respirer (essoufflement) ou de la toux". En revanche, les défenses immunitaires des malades sont affaiblies par la maladie et certains traitements, “en particulier la chimiothérapie". Dans ce contexte, les symptômes peuvent être moins faciles à détecter". 

L’institut rappelle également d’être attentif aux symptômes inhabituels comme la confusion, la somnolence, les tremblements ou encore des douleurs inexpliquées et d’en parler systématiquement à son médecin.

Covid19 : plus de risque de décès chez les patients atteints de cancer ? 

"La communauté de patients et de médecins a un besoin urgent de chiffres et d'estimations concernant les effets du Covid-19 chez les patients touchés par le cancer", a déclaré le Dr Howard A.Burris III, président du congrès annuel d'oncologie l'ASCO qui s'est tenu virtuellement cette année en raison des mesures sanitaires du 29 mai au 31 mai. Parmi les études présentées, l'une d'entre-elle proposait une première estimation des effets du  Covid-19 chez les patients atteints de cancer et chez ceux en rémission. 

Pour cette recherche, les données du suivi médical de 928 patients, parmi eux, 525 ont été testés positifs au Covid-19, dont 40% étaient atteints d'un cancer. Parmi les cancers les plus notés : 21% de cancer du sein, 16% de la prostate, 12% de cancer du côlon, 11% de lymphomes et 10% de cancer thoracique (poumon, médiastin, plèvre). Sur la totalité des patients atteints de cancer, 43% avait un cancer actif, 39% étaient sous traitement et 45% en rémission. 

13% (121 patients) sont morts du Covid-19 dans les 30 jours qui ont suivi le diagnostic du coronavirus. Selon les premiers résultats, qui ne sont que préliminaires pour l'instant étant donné le peu de données, les chercheurs estiment que les patients avec un cancer actif avaient un risque de décès 5,2 fois plus élevé après diagnostic de Covid-19 que les patients en rémission ou ceux sans cancer. 

En ce qui concerne le traitement, il est noté dans l'étude qu'un sur-risque de mortalité 2,89 fois plus grand a été constaté si le patient atteint d'un cancer a été traité avec la combinaison hydroxychloroquine et azythromicyne. En revanche, aucun risque n'a été noté si les médicaments étaient utilisés seuls. Le Dr. Jeremy L Warner, l'un des auteurs de l'étude, professeur de médecine biomédicale au Vanderbilt University Medical Center in Nashville a souligné l'importance de mener plus de recherche afin de prouver ou non les risques et l'efficacité de ses médicaments chez les patients atteints de cancer. 

Patients atteints de cancer : comment se protéger contre le Covid-19

Afin de se protéger au mieux, les spécialistes soulignent la nécessité de pratiquer les gestes barrières, plus importants que jamais pour les patients atteints de cancers :

  • Utilisation de mouchoirs à usage unique ;
  • Se laver les mains toutes les heures ;
  • Tousser ou éternuer dans son coude ;
  • Saluer sans se serrer la main, ne pas embrasser ;
  • Eviter tout rassemblement.

"Pour les proches d’un patient atteint de cancer, il est également conseillé de porter un masque chirurgical dès le début des symptômes éventuellement s’exclure de l’entourage du patient atteint de cancer".

Ne surtout pas arrêter de prendre ses traitements sans avis médical

Hôpitaux, médecins de ville et spécialistes ont déclaré s’inquiéter de la chute drastique de consultation pour les malades chroniques et ceux atteints de cancers par peur d’être contaminés en cas de déplacement. "La fin du confinement et la maîtrise du nombre de nouveaux cas de COVID-19 et des admissions à l’hôpital, notamment dans les services de réanimation, permet le retour progressif à une activité normale au sein des établissements de soins et chez les professionnels de santé de ville.", annonce L'institut national du cancer dans un communiqué du 12 mai 2020, suite au déconfinement. 

Traitement, consultation, intervention... L'institut national du cancer assure que "toutes les précautions nécessaires sont prises pour protéger les patients indemnes du risque de contamination". 

Les traitements contre le cancer étant très lourds et pouvant affaiblir l’organisme, certains patients pourraient aussi avoir peur d’être encore plus à risque d’être touchés par le Covid-19, l’Institut national du cancer l’assure : "Les patients atteints de cancer ne doivent en aucun cas interrompre leur traitement sans avis médical des professionnels de santé qui les suivent. Chaque cas est unique. Dans certaines situations, les oncologues pourront maintenir ou reprogrammer les cures de soins".

L’enjeu des cancérologues pendant la pandémie est d’offrir la possibilité à leurs patients de poursuivre leur traitement sans perdre ses chances contre la maladie tout en réduisant leur risque d’être touchés par le Covid-19. Les traitements sont parfois adaptés par le médecin quand c’est nécessaire, mais c’est à lui d’en décider. Un traitement sous forme orale ou en intraveineuse pris en charge à domicile est parfois proposé. "Si pour continuer à bien vous soigner votre traitement est maintenu à l’hôpital, sachez qu’une organisation spéciale est mise en place pour éviter tout contact inutile et éviter que vous ne soyez exposé".

Que faire en cas d’une suspicion de Covid-19 ?

En cas de suspicion de symptômes de Covid-19 chez un patient atteint de cancer, il ne faut pas se rendre à l’hôpital ou chez un médecin sans y avoir été invité, sauf en cas de symptôme grave. Il faut contacter un médecin par téléphone ou téléconsultation ou appeler directement le 15.

Si on constate des symptômes ayant été annoncés comme effets secondaires d’un traitement, "il convient de prendre directement contact avec le service qui suit le patient. Par exemple si de la fièvre apparaît après une chimiothérapie, sans autre signe. Dans ce cas, le patient devra suivre les consignes précises transmises par l’équipe soignante et la contacter".

Cancer et Covid19 : faut-il se faire tester ? 

La stratégie de test du gouvernement a causé pas mal de questions au sein de la population. Qui doit se faire tester ? Quand ? Et comment ? En ce qui concerne les personnes atteintes de cancer, la règle est la même que pour les personnes non atteintes : sans déclaration de symptômes du Covid et sans avoir été en contact avec un cas confirmé de Covid, pas besoin de faire un test de dépistage ni virologique, ni sérologique.

Ces deux types de tests ne sont effectués que sur prescription médicale. 

Pour rappel le test virologique (RT-PCR) est un prélèvement nasal effectué avec un écouvillon qui permet de savoir si une personne est porteuse du virus ou non au moment du test. Le test sérologique est une prise de sang qui permet de déterminer si le patient a déjà été touché par le virus en détectant la présence d'anticorps. Cette catégorie de test reste encore en évaluation pour l'instant et n'est pas recommandée.  

Déconfinement et cancer : qu'est-ce que ça change ? 

La date du 11 mai était très attendue par la population en désir de retrouver une vie aussi normale que possible et notamment une vie sociale. Néanmoins, la vigilance et l'application des gestes barrières restent plus importantes que jamais car la menace du virus est toujours présente. Encore plus pour les personnes à risque dont les personnes atteintes de cancer suivant un traitement et les patients qui ont déjà eu un cancer, ainsi que leurs proches. 

"Le Conseil scientifique recommande à ces personnes de respecter un confinement strict et volontaire, qui les protège des risques de contamination. À la différence du confinement obligatoire, le confinement volontaire ne vise pas à freiner l’épidémie. Il permet aux personnes de se protéger sur la base d’un choix éclairé personnel",  déclare L'institut national du cancer. Les salariés doivent pouvoir demander le télétravail quand c'est possible ou l'activité partielle. 

Maintenir une activité physique pour éviter les rechutes

Ce n'est pas nouveau, l'activité physique est bénéfiques chez tout le monde et particulièrement chez les personnes atteintes ou qui ont été atteintes de cancers. Malheureusement avec les règles sanitaires et le confinement, la pratique du sport a été plus compliquée que d'habitude. "Le confinement a eu un impact sur les masses musculaires. Cette diminution accroît le risque de rechute et altère la qualité de vie. Il est donc important de pratiquer une activité physique pour conserver sa masse musculaire même pendant cette période", explique le Dr Thierry Bouillet, cancérologue à l'hôpital Avicenne et Co-fondateur et Président de l'association CAMI sport & Cancer dans un communiqué. 

"En effet, l'inflammation du au COVID détruit les masses musculaires. Nous avons observé que les patients atteints du COVID pouvaient perdre jusqu’à 10-15 kilos de masse musculaire dû à un catabolisme qui détruit les muscles. Donc si la masse musculaire du patient est faible avant la maladie, l’après maladie COVID-19 sera encore plus compliqué. Ce catabolisme musculaire est généré dans le cadre du COVID par les cytokines et le traitement de la limitation des cytokines c’est l’activité physique", ajoute le professionnel de santé. 

Il est donc important de pratiquer une activité physique, "pas pour vous libérer du risque de contamination du COVID, mais pour vous préparer si vous tombez malade du COVID, pour limiter les risques de rechute de votre cancer, pour un meilleur moral et conserver vos masses musculaires", précise le cancérologue. 

Pour aider les patients à maintenir une activité physique en toute sécurité à leur domicile, l'assocation Cami Sport & Cancer a mis en place un système de téléconsultations et vidéos gratuit disponible : Ici 

Déconfinement : comment se passe le suivi médical ? 

Les professionnels de santé ont tenu à rassurer au maximum les patients afin qu'ils restent assidus dans leur suivi médical. Toutes les précautions sont prises à l'hôpital pour séparer les malades du Covid19 et suspicion de cas, des autres personnes. Si vous devez vous déplacer, c'est uniquement sur rendez-vous après avoir appelé votre médecin. 

Séances de chimiothérapie, radiothérapie ou chirurgie ambulatoire...Pour les soins et consultations qui ne nécessite pas une hospitalisation, les rendez-vous sont pris à l'avance et il n'est pas possible d'être accompagné à l'intérieur de l'établissement. Les proches doivent attendre à l'extérieur. 

En cas d'hospitalisation, les visites par des personnes venant de l'extérieur restent interdites même avec le déconfinement, sauf quelques rares exceptions. Et dans ce cas, les visites devront rester brèves et dans le respect des gestes barrières. 

En cas de déplacement : comment se protéger ? 

Les recommandations concernant les déplacements restent les mêmes que pendant le confinement. Il faut les limiter au strict nécessaire. 

A l'extérieur, dans les transports en commun (à éviter au maximum chez les personnes à risque), dans les commerces, chez le médecin ou à l'hôpital : portez un masque.

"Le port d’un masque grand public à domicile (masques lavables en tissu), ou bien chirurgical, est recommandé pour tous (exceptés les jeunes enfants) lors de contacts avec d’autres personnes que celles qui vivent dans le foyer, lorsqu’il n’est pas possible de respecter la distance minimale d’un mètre", conseille l'institut national du cancer.

 

Une carte pour localiser les possibilités de soins de supports près de chez soi

En ce qui concerne les soins de supports pour aider au soulagement des effets secondaires liés au traitement contre le cancer, les associations se mobilisent pour aider les patients. L’Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support et Pfizer Oncologie ont tenu à remettre en avant la carte qu’ils proposent depuis 2014 sur le site La Vie autour, permettant de trouver les associations proposant “une offre de soins de support en oncologie adaptées les plus proches du lieu de résidence”.  

Pour les patients isolés avec besoin de réponses l’association Rose Up "propose une information renforcée COVID-19 et cancer en continu et des ateliers par téléphone ou en visio (nutrition, sophrologie, esthétique, détente…), ainsi que des réponses aux questions des internautes par des professionnels de santé via des webinars sur le site". La CAMI Sport & Cancer offre un service gratuit d’information par téléphone et téléconsultation, "afin de sécuriser leur pratique physique pendant le confinement".

Reprise progressive des campagnes de dépistage 

Les campagnes nationales et invitations aux dépistages pour la population ont été suspendues pendant le confinement. Seuls les examens de diagnostics chez les personnes dont des anomalies ont été identifiées ont pu se poursuivre. Afin d'assurer une reprise progressive et en toute sécurité sanitaires la direction générale de la santé a publié ses recommandations et défini : 

- Une reprise des courriers d'invitation et de relance dès la validation d'un plan de reprise d'activité. 

-L'organisation d'un pilotage régional afin de mettre en place la priorisation des activités et une stratégie de rattrapage. 

"La reprise des activités de dépistage sera graduellement programmée en s’adressant en priorité aux personnes considérées comme prioritaires. Elle dépend, de la situation de l'épidémie de COVID-19 et des capacités sanitaires ainsi que de la possibilité des médecins libéraux à reprendre leurs consultations dans le respect des gestes barrières", explique l'Institut national du cancer dans un communiqué du 18 mai 2020.

Sources :

  • Cancers et COVID-19 les gestes de protection pour les patients et conseils aux professionnels, Institut national du cancer, 25 mars 2020
  • Communiqué Lavieautour.fr : une carte interactive pour trouver les associations proposant des soins oncologiques de support près de chez soi, 16 avril 2020
  • Déconfinement progressif et cancer : Déplacements, soins, vie sociale et professionnelle : l’Institut national du cancer répond aux questions des patients, Institut national du cancer, 12 mai 2020
  • CANCER ET COVID19 : LE DR THIERRY BOUILLET RÉPOND À NOS QUESTIONS, Communiqué Association Cami Sport et Cancer, 28 mai 2020
  • Early Data Show Cancer Progression Associated With Increased Risk of Death in Patients With COVID-19, ASCO 2020